Les animaux momifiés

animaux

Les animaux furent momifiés en utilisant les procédés similaires à ceux que l’on appliquait pour créer des momies humaines, à quelques différences près. Presque toutes les espèces animales ont été momifiées.
On peut distinguer plusieurs sortes de momies animales:

– 1°) Certaines étaient des animaux de compagnie ou des offrandes de nourritures qui accompagnaient le défunt dans l’au-delà.

– 2°) D’autres étaient des animaux sacrés, voire déifiés au cours de leur existence. Sorte d’incarnation vivante d’une divinité.

– 3°) D’autres encore étaient des animaux dont les dépouilles étaient enterrées dans une nécropole en rapport avec le culte d’une divinité particulière.

– 4°) Beaucoup d’animaux furent aussi sacrifiés avant d’être embaumés.

La momification d’animaux prit une ampleur toute particulière durant le premier millénaire avant J.C.
On estime à plus de vingt millions, le nombre d’animaux qui furent momifiés.

Texte élaboré à partir des panneaux explicatifs de l’exposition « Scanning Sobek » organisée par le British Museum en partenariat avec Asahi Shimbun.
momie de gazelle

Momie de gazelle exposée au Musée d’Archéologie Méditerranéenne de la Ville de Marseille.

Le dessous des bandelettes

Momie d'Ibis

Momie d’Ibis exposée au Musée de l’Archéologie Méditerranéenne de Marseille

Au cours du Ier millénaire avant J.C., le culte dédié aux animaux devint une pratique courante dans la religion égyptienne

La pratique de la momification d’animaux atteignit son paroxysme durant les périodes ptolémaïque et romaine (à partir de 305 avant J.C.).
Les animaux n’étaient pas vénérés pour eux-mêmes. Les Egyptiens les considéraient comme des intermédiaires entre les hommes et les dieux.

Les animaux étaient élevés dans l’enceinte des temples et momifiés après leur mort.
Chaque groupe d’animaux sacrés avait ses prêtres, ses gardiens chargés de les nourrir et ses embaumeurs.

Pour témoigner leur dévotion envers la divinité, les fidèles payaient l’embaumement d’un animal sacré du temple.

En divers centres religieux, on découvrit de vastes nécropoles contenant un grand nombre d’animaux momifiés.
Chaque année, des centaines d’animaux momifiés étaient entassés dans des catacombes.

Les momies de chats (associés à la déesse Bastet) et les momies d’ibis (représentant le dieu Thot) furent sans doute les plus nombreuses et les plus courantes.

Des radiographies de chats momifiés font apparaître des vertèbres cervicales brisées. Ce qui laisse à penser que certains chats ont certainement été délibérément tués pour servir d’offrandes à la divinité.

Texte élaboré à partir des panneaux explicatifs de la collection « Egyptian mummies », salles 62 et 63 du British Museum.
Bastet

Statue de Bastet exposée au Musée de l’Archéologie Méditerranéenne de Marseille.

« I get you under my skin »… or not!

momies animales
Toutes les momies ne contiennent pas la dépouille entière d’un animal
De récentes analyses menées sur des momies de chats ont mis en évidence que seul un tiers des momies contenaient le corps entier de l’animal.
Ci-contre :
Les radiographies des momies 1 et 2 font apparaître le corps et le squelette du chat sous les bandelettes (documents provenant du British Museum).
Par contre la momie 3 ne contient que quelques os de l’animal
(document provenant de l’exposition « Sarcophagi » organisée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
Le pouvoir évocateur de la momie suffisait pour devenir une offrande.

Ibis

Cercueil d’ibis – Musée de l’Archéologie Méditerranéenne de Marseille

Les momies d’oiseaux étaient, le plus souvent, simplement plongées dans un bain de résine avant d’être « bandelettées » avec plus ou moins de soin selon les cas. Certaines possèdent même un masque funéraire.
Elles étaient ensuite déposées dans des urnes en terre cuite et entreposées dans des catacombes proches du temple consacré au dieu auquel elles étaient dédiées.

momies animales


Parmi les oiseaux momifiés, l’ibis bat tous les records de popularité. Rien que sur le site de Saqqara, on estime à quatre millions le nombre de momies qui ont dû être offertes au temple de Thot, dieu de l’écriture et de la connaissance.

D’autres catacombes ont accueilli des dizaines de milliers de momies de faucons.
Ce redoutable rapace était vénéré en de nombreux endroits en Egypte. Parmi les dieux auxquels il a prêté ses traits, c’est Horus qui domine. Il est étroitement lié à la royauté et le pharaon le considère comme son substitut sur terre.

animal momifié

momie animale

Divinité Mangouste

Ichneumon coiffé du disque solaire et de l’uraeus – bronze – Époque ptolémaïque-
Musée de l’Archéologie Méditerranéenne de Marseille

Ichneumon est le mot grec qui désigne la mangouste. C’est un traqueur, un prédateur. Comme le chat, elle s’attaque aux serpents et aux autres nuisibles qui, en Egypte ancienne, symbolisent le mal.

Dans la mythologie, la mangouste est l’un des animaux qui donne ses traits au dieu solaire Atoum-Rê dans son combat qui l’oppose au serpent maléfique Apophis.
Elle participe au combat quotidien du soleil contre les démons de la nuit.

Sa popularité à la Basse Époque, à l’Époque ptolémaïque et romaine nous a valu de nombreuses figurines en bronze, momies, cercueils et amulettes de l’animal.

Un millier de momies de cet animal furent retrouvées en 2009 par Michel Baud* dans la nécropole d’Abou Rawash.

momies d'animaux

Cercueil de mangouste – bronze – Basse Époque –
Objet exposé dans le cadre de l’Exposition « Sarcophagi » organisée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles
(*) Michel Baud : égyptologue français responsable de la section Nubie-Soudan au département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, décédé en 2012.

animaux momifiés

animaux momifiés

Perche du Nil sommairement momifiées. Lates Niloticus. Époque romaine. Musée des Confluences- Lyon.

scarabée

Représentation de « Khepri » sur un sarcophage. Exposition « Sarcophagi » organisée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles

Parmi les momies de poissons, la perche du Nil était vénérée à Esna (Lates) où elle représentait la déesse Neith (voir ci à droite) qui, dans la mythologie égyptienne se serait transformée en ce poisson pour parcourir le Noun, l’Océan primordial d’où aurait été créé l’univers.
Le Lates niloticus, poisson d’eaux profondes, symbolise en outre la nuit et accompagne donc le coucher du soleil.
De nombreuses momies de ce poisson ont été retrouvées, certaines atteignant deux mètres de long.

Des momies et des cercueils d’insectes, bien que moins fréquents, ont également été retrouvés.
Le scarabée, surtout, avait la faveur des pèlerins. Il est « Khepri », le soleil du matin.
Il est souvent représenté tenant entre ses pattes le disque du dieu solaire. Cette image découle de l’observation de la nature puisque ce coléoptère a la particularité de pousser, à l’aide de ses pattes, une boule d’excréments contenant sa ponte.

déesse Neith

Déesse Neith. Musée de l’Archéologie Méditerranéenne de Marseille. « mère de Sobek » –
Neith :Vénérée à Saïs depuis les origines de l’histoire, elle est armée d’un arc et de flèches.
Les textes du temple d’Esna où elle est la compagne de Khnoum, nous révèlent que les deux tiers de sa personne sont masculins et un tiers féminin. Cette androgynie lui permit de créer seule la vie.

Mais des bribes d’autres textes religieux mentionnent qu’elle aurait créé une bande de sable sur laquelle un crocodile serait venu s’allonger pour la féconder et donner naissance aux premiers êtres.

Texte élaboré à partir des panneaux explicatifs des collections permanentes du Musée de l’Archéologie Méditerranéenne de Marseille.

animaux momifiés

Momies de crocodiles

Les reptiles n’ont pas échappé à la piété populaire. Les crocodiles, les serpents ou les lézards sont des animaux craints qui peuvent aussi avoir une valeur de protection, une dualité qui les caractérise et qui semble avoir provoqué l’intérêt de la population.

Ils ont donc profité de la vénération de masse à la Basse Époque ainsi qu’à l’Époque ptolémaïque et romaine.

Le crocodile est associé au dieu Sobek dont le temple de Kom Ombo, entre autres, a accueilli de nombreuses momies.
Le serpent et le lézard sont tous deux associés à Atum, le dieu solaire d’Héliopolis. Le lézard est aussi un symbole de renaissance.

Si vous désirez en savoir plus sur les cercueils et momies de reptiles, cliquez sur l’image ci-dessous et découvrez les résultats des dernières recherches effectuées par le British Museum sur une momie de crocodile de quatre mètres de long.

Sobek la momie du dieu crocodile