Rites funéraires chez les Egyptiens
Banquet

joli


L’engouement que le monde porte à l’égyptologie, pourrait nous faire oublier que toutes ces représentations iconographiques, toutes ces inscriptions, tous ces objets que l’on expose à nos regards dans les vitrines des musées n’étaient pas destinés au monde des Vivants. Ils étaient censés rester dans le Royaume des Morts.

Il serait faux de considérer toutes ces scènes peintes comme une décoration à but purement esthétique. La raison en est simple: tout ce qui couvre les murs des tombes, toutes les inscriptions et tous les textes s’adressent au ka du défunt. Il s’agit donc clairement d’une projection vers sa vie future dans l’Au-delà, plus que la relation de sa vie sur terre. L’iconographie de la tombe s’emploie à confirmer l’identité et le statut de son propriétaire, à lui procurer nourriture et offrandes diverses.


Mais aussi à lui apporter les protections magiques et rituelles nécessaires.

C’est ainsi que certains dessins illustrent les étapes par lesquelles le défunt devra passer. Ils constituent une sorte de guide qui achemine le défunt vers le Royaume des Morts. Certains textes sont des incantations magiques à prononcer pour combattre les démons et poursuivre son chemin sans encombres vers le Monde d’Osiris.

D’autres textes reproduisent de longs extraits du Livre des Morts. D’autres encore, protègent la momie et la tombe contre des menaces extérieures (les pilleurs). Puis viennent encore les longues listes d’objets, de nourriture et d’offrandes de toutes sortes qui accompagnent le mort dans son voyage. En fait, le défunt emporte avec lui tout son petit univers.

iconographie égyptienne

L’aspective

Il est à remarquer que les iconographies égyptiennes ne sont pas en perspective, mais en « aspective ». C’est à dire que les dessins ne cherchent pas à réaliser une représentation dans le temps et l’espace, mais à montrer ce qui doit l’être, même si cela doit tordre le cou aux règles de perspective les plus élémentaires.

C’est ainsi que les offrandes disposées sur la table, ne sont pas traitées en perspective mais se juxtaposent les unes aux autres un peu comme une liste d’achats. Pour des raisons évidentes, il faut que les offrandes ainsi que leurs nombres soient clairement reconnaissables.

offrandes

Pour les personnages, vous remarquerez qu’ils ne sont pas représentés de profil comme on pourrait le penser.

– La tête est de profil
– L’oeil de face
– Le ventre de profil
– Le nombril de face

Donc en quelque sorte, vous voyez les différents aspects d’un personnage comme si vous en faisiez le tour, mais le scribe à choisi de vous montrer uniquement les aspects importants de chaque côté.

Conception de la mort et de la renaissance dans l'Egypte ancienne

Pour les Egyptiens, l’individu n’est pas constitué par une simple représentation « corps et âme ». On identifie environ une dizaine de composantes, pour les unes matérielles, pour les autres immatérielles.

Dans la conception égyptienne, chaque individu se compose de plusieurs éléments essentiels à la survie après la mort. Parmi eux, le corps n’est qu’une enveloppe charnelle. Il doit être conservé par momification après la mort. Selon les papyrus médicaux, il représente le contenant de divers éléments qui assurent la vie.

L’organe central en est le coeur, incarnant les qualités morales, émotionnelles et intellectuelles du défunt. Il est également le siège de la mémoire et fait l’objet d’une véritable mise en examen après la mort, au cours du rituel de la pesée de l’âme.

Le ba (souvent traduit par l’âme) est un principe immatériel qui assure le lien entre le réel et l’imaginaire. Ce double spirituel, représenté par un oiseau à tête humaine, investit le corps à la naissance en même temps que le souffle de la vie. Au moment du décès, le ba quitte le corps pour le réintégrer après la momification grâce aux rites exécutés par les prêtres.

Le ka est en quelque sorte le double du défunt. Né avec lui, il incarne sa force vitale qui survit lors du décès et l’accompagne pour l’éternité.

Il confère protection, bonheur, santé et joie. Le ka est capable de poursuivre une vie dans l’Au-delà, inspirée de sa vie antérieure. Il se nourrit des images de la tombe qui lui assurent l’immortalité.

Dans une telle conception, le corps momifié est considéré comme le réceptacle du ka mais celui-ci peut donc investir d’autres supports physiques tels que la statue funéraire ou les représentations du défunt dans sa tombe.

statue du ka de Toutankhamon

Cette statue était placée devant le mur de la chambre funéraire de Toutankhamon. Associée à la partie nocturne de la course du soleil, elle représente le ka (le double) du pharaon.
Ressource: photographie de Richard Seaman.
Le nom reçu par l’Egyptien au moment de sa naissance, il est la preuve de son existence. Le nom adhère intégralement à l’individu. L’immortalité de l’homme est assurée tant que son nom est prononcé. Le pire qui pourrait advenir serait l’effacement de son nom sur les stèles funéraires.

L’ombre, juxtaposée à l’individu, elle l’accompagne dans toutes ses activités quotidiennes.

Le ka, le ba et l'ombre

Le ba

Ressources:
Texte élaboré à partir
-des panneaux explicatifs de l’exposition « Sarcophagi » organisée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (MRAH)
-des travaux de Bernard Ziskend (cardiologue) et Bruno Halioua (dermatologie) dans Erudit – Promouvoir et diffuser la recherche et la création – Médecine/sciences
-des conférences :
« Momies, rituels d’immortalité » par Nathalie Halgand guide-conférencière aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles
« La tombe, un écrin pour la vie éternelle » par Isabelle Therasse licenciée en archéologie et histoire de l’art (spécialisation Égypte) de l’Université Catholique de Louvain – membre du Service éducatif et culturel des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Elle a participé à plusieurs missions d’art rupestre en Égypte, à Qurta et à El-Hosh.

Les rites funéraires