Irrawaddy

ATimes
u cours de nos nombreux périples, nous avons pris quantité de bateaux. De la coquille de noix au cargo. Mais depuis longtemps, je rêvais de faire un vrai voyage au fil de l’eau. Pourquoi pas, la descente d’un fleuve ? Prendre la température d’un pays au rythme d’une voie navigable. L’Irrawaddy, devenu Aeyrrawaeydy dans sa nouvelle orthographe présente l’intérêt d’être l’épine dorsale du Myanmar. Il n’y a pas, à proprement parler, de source de l’Irrawaddy puisque ce fleuve ne commence à porter ce nom qu’à Myit Son au confluent de deux rivières qui descendent des confins de l’Himalaya. Quant à son embouchure, elle se perd dans un delta extrêmement ramifié.
Décidément,il me plaît, ce cours d’eau. De plus, en période de mousson, il permettra la navigation sur toute sa longueur. Eddy, qui a consulté quelques liens, se laisse convaincre sans peine, sauf qu’il n’a pas regardé les prix sur le « Road of Mandalay ». Il trouve le mot croisière inadapté à un voyage en embarcations locales, plus en rapport avec notre budget.
Organiser cette descente en 28 jours, nous a obligé à faire des choix. De Myit-Son à Bahmo, nous avons voyagé par la route pour différentes raisons : pas de bateau couvert, trop d’incertitude quant au nombre de jours d’attente pour un bateau. Je reste néanmoins persuadée que c’est faisable. Le temps nous a manqué, pour terminer la descente, et, après Pyay, il nous a fallu prendre la route pour regagner la capitale avant l’expiration de notre visa. Mais entre Bahmo et Pyay, nous avons tout fait en bateau au fil d’une bonne cinquantaine d’escales d’une durée de quelques minutes à 3 jours. C’est une autre Birmanie que nous avons découverte, les navires sont lents. Marchands, villageois ou pèlerins, tous possédaient une raison précise pour monter à bord. Mais plus que les gens, ce sont les marchandises qui voyagent sur l’eau. Une occasion unique d’observer les échanges commerciaux avec pour toile de fond un décor constant : la pagode, lieu de culte, mais aussi merveilleux repère pour les marins.

MyitktyinaTrain

20 juillet 2006

Notre première tâche consiste à remonter en amont, pour atteindre l’endroit où l’Irrawaddy devient navigable. Nos recherches nous amènent à choisir la ville de Myitkyina comme point de départ à notre équipée fluviale.
Le temps d’acheter une bouteille d’eau et des biscuits… et le train s’immobilise sur la voie 4 de la gare de Mandalay. Nous arpentons le quai, traînant derrière nous nos sacs. Avec l’aide d’un employé, je repère notre compartiment. Monsieur Tun, le responsable du wagon-lit, se met à notre service en vérifiant nos tickets… mais, le wagon est plongé dans une obscurité telle qu’il lui faut se pencher au dehors pour lire. Tout est « ok » et la satisfaction se lit sur son visage.

contrôle des tickets

Nous pouvons commencer notre installation. Monsieur Tun met à notre disposition un réservoir de 20 litres d’eau potable qui remplacera avantageusement le lavabo hors d’usage.
Nous prenons possession du lieu. Le wagon-lit, comme le reste du train, est vétuste et pas très propre. Mais, c’est quand même mieux que ce à quoi nous nous étions préparés. Un vieux drap, un petit oreiller, une vieille couverture, une poubelle, une lavette et deux savons équipent le compartiment.
Commence alors, un long périple de vingt-quatre heures que nous essayons de mettre à profit pour préparer la suite du voyage. Les conversations sont bien sûr entrecoupées par quelques prises de vue ( ci-contre, la construction à Saggaing, d’un nouveau pont sur l’Irrawaddy ) et par une visite au wagon-restaurant.

Myanmar
NBell-MT-Italicous avons roulé toute la nuit… enfin, le train a roulé, car nous, nous avons plutôt l’impression d’avoir passé la nuit à gigoter entre les bosses d’un chameau.
Le train entre en gare de Mohnyin – 15 minutes d’arrêt.
Comme à chaque halte, depuis le début du voyage, le convoi est pris d’assaut. Les marchandes aux formes moulantes, enveloppées dans leur longyi s’égrainent comme un chapelet tout le long du train, pour vendre leurs produits. Elles pataugent dans les flaques d’eau. Certaines hèlent les passagers pour attirer leur attention. La saison des pluies a rendu le sol complètement boueux.

La transaction doit être rapide. Les marchandes n’ont que quelques minutes pour convaincre le voyageur.
Un tissu enroulé sur la tête assure une plus grande stabilité pour le transport du plateau.
Epis de maïs cuits vapeur, oeufs durs, berlingots de riz gluant, bananes, melons, goyaves, tranches d’ananas, ramboutans, grappes de longans, sacs tressés sont proposés aux voyageurs.
De l’autre côté de la voie, un petit restaurant sous tente accueille les clients. Trois, quatre personnes sont attablées et mangent une soupe locale sous le regard attentif de la patronne.
Se tenant un peu à l’écart, un chien observe la scène.
Le convoi s’ébranle, le train reprend sa route. A chaque gare, à chaque passage à niveau un petit bonhomme agite un drapeau vert pour signaler au conducteur du train que la voie est libre.

marchande de melon

rasage

Des paysages de rizières défilent dans l’encadrement de la fenêtre du compartiment… et, partout, le paysage se ponctue de pagodes.
Dans le couloir du wagon, tout est calme. Les passagers se laissent tanguer sur leur couchette.
Il ne fait ni trop chaud, ni trop frais… « juste bien » ! comme on dirait en Belgique.

TtimesRoman60andis que Véro rédige son carnet de voyage, j’entreprends le rasage matinal. Avec le convoi qui sursaute sur les rails, je pourrais tout aussi bien me retrouver à jouer la doublure de Kirk Douglas dans son interprétation de la vie de Vincent Van Gogh (L’homme a l’oreille coupée). J’espère ne pas me couper la gauche, car elle tomberait par la fenêtre. Quelques grimaces plus tard, j’arrive au bout de mon numéro sans une égratignure.
Ce qui est probablement le plus dérangeant dans ce périple en train, ce n’est pas tellement, comme on pourrait le croire, la durée ( 24 heures)… mais ce bruit de ferraille usée qui grince sur les rails. Ce concert métallique ne s’arrête que lorsque le train fait une halte. Heureusement, les paysages qui défilent font presque oublier le bruit.

MOGAUNG
Nous arrivons en vue de l’agglomération de Mogaung. Autre gare, autre ambiance. Je trouve les jeunes hommes un peu « téméraires ». Ils se livrent une sorte de compétition « à qui se fera le plus remarquer » … ils sautent sur le train en marche.
Dans la gare de Mogaung, de petites boutiques exposent les provisions de base pour le voyageur…Coca Cola, autres limonades, des bières locales (Myanmar Beer), du rhum de Mandalay, du whisky, des sachets de peanuts, des cigarettes, des biscuits secs (parfois très secs), mais surtout de l’eau.
train au Myanmar

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Descente de l'Irrawaddy
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