a situation familiale d’Hashepsout est assez complexe. Le schéma ci-contre ne reprend pas la totalité des membres de la famille. Afin d’y voir plus clair, je ne mentionne que ceux qui ont tenu un rôle dans la transmission du pouvoir.
À sa naissance, la petite Hatchepsout n’est pas destinée à monter sur le trône d’Égypte.
Ses parents, Thoutmôsis et Ahmès, n’appartiennent pas à la branche royale pouvant prétendre à la couronne. Thoutmôsis n’est donc pas pressenti à devenir l’héritier du pharaon Amenhotep Ier.
Bien que la généalogie de la dynastie soit assez floue, plusieurs archéologues avancent l’idée qu’Amenhotep Ier serait mort sans laisser de descendance directe.
Ses parents, Thoutmôsis et Ahmès, n’appartiennent pas à la branche royale pouvant prétendre à la couronne. Thoutmôsis n’est donc pas pressenti à devenir l’héritier du pharaon Amenhotep Ier.
Bien que la généalogie de la dynastie soit assez floue, plusieurs archéologues avancent l’idée qu’Amenhotep Ier serait mort sans laisser de descendance directe.
Amenhotep Ier – British Museum
PHARAON / PHARAONNE
Le terme « pharaon » apparaît à cette période pour des raisons de commodité.
Le protocole égyptien imposait pour toute cérémonie associant les deux cogérants qu’on fasse figurer dans les écrits sculptés des monuments, leurs titres suivis de leur nom, ce qui alourdissait considérablement les textes.
L’idée d’un scribe allait simplifier les choses. Il utilisa l’expression « per-âa » (âa pour Grande et per pour Maison). C’est à dire « le palais royal » – non pas le bâtiment en tant que tel, mais l’institution.
Dès lors on put écrire « le palais » a décidé que… au lieu de « Le roi Thoutmôsis III et la Régente Hatshepsout » ont décidé que…
À partir de Thoutmôsis III, l’expression « per-âa » fut attribuée à tous les rois qui lui succédèrent.
Par contre, le terme « pharaonne » n’existe pas officiellement. C’est peut-être pour cette raison que les représentations d’Hashepsout vont se « masculaniser » avec le temps (barbe postiche, disparition progressive des attributs féminins comme la poitrine, …).
Christiane Desroches Noblecourt explique :
« Hatshepsout n’est encore qu’une jeune patricienne thébaine quand son père, un valeureux général, accède au trône sous le nom de Thoutmôsis Ier. Devenue princesse royale, elle accompagne le roi dans ses déplacements et il la présente comme son héritière à tous les gouverneurs du pays. »
Mais, à l’époque, il n’était pas rare qu’un pharaon ait plusieurs épouses secondaires au cours de son règne. C’est ainsi que Mountnofret, épouse secondaire, donnera naissance à plusieurs fils. Mais tous ne survivront pas à leur père.
Afin de consolider la dynastie, Thoutmôsis Ier célèbrera le mariage de sa fille légitime, Hashepsout avec l’un de ses fils qu’il aura avec sa seconde épouse Mountnofret.
À la mort de son père, Hatshepsout portera le titre d’épouse royale, mais ce sera son mari et demi-frère qui montera sur le trône d’Égypte sous le nom de Thoutmôsis II. Mais ce dernier, de constitution fragile, aura un règne assez court (13 ans selon les anciennes estimations, 3 à 7 ans selon les plus récentes). Selon certaines sources, Thoutmôsis II aurait été un peu débile: « un oisillon dans son nid » dira-t-on de lui.
À la mort de Thoutmôsis II, Hatshepsout fait couronner et sacrer un enfant de 5 ans, un autre Thoutmôsis, troisième du nom, un fils que son mari avait eu d’une seconde épouse (Iset). Hatshepsout s’efface derrière cet enfant et devient simple régente.
Afin de consolider la dynastie, Thoutmôsis Ier célèbrera le mariage de sa fille légitime, Hashepsout avec l’un de ses fils qu’il aura avec sa seconde épouse Mountnofret.
À la mort de son père, Hatshepsout portera le titre d’épouse royale, mais ce sera son mari et demi-frère qui montera sur le trône d’Égypte sous le nom de Thoutmôsis II. Mais ce dernier, de constitution fragile, aura un règne assez court (13 ans selon les anciennes estimations, 3 à 7 ans selon les plus récentes). Selon certaines sources, Thoutmôsis II aurait été un peu débile: « un oisillon dans son nid » dira-t-on de lui.
À la mort de Thoutmôsis II, Hatshepsout fait couronner et sacrer un enfant de 5 ans, un autre Thoutmôsis, troisième du nom, un fils que son mari avait eu d’une seconde épouse (Iset). Hatshepsout s’efface derrière cet enfant et devient simple régente.
Ressources: Interview de Christiane Desroches Noblecourt
Hatshepsout,
la femme qui voulait devenir « Roi »
L’histoire a longtemps véhiculé l’image d’une sorte de Margaret Thatcher du Nouvel Empire. La « Dame de Fer » du Nil, si vous préférez. Cette comparaison est, aujourd’hui, à prendre avec beaucoup de nuances.
En fait, on ne connaît pas grand chose du caractère d’Hashepsout. On sait que durant sa jeunesse, elle gravite dans le cercle du pouvoir et qu’elle entretiendra durant toute sa vie une réelle « dévotion » pour son père, Thoutmôsis Ier. Elle fera d’ailleurs achever les monuments qu’il avait initiés dans le Temple de Karnak.
Il semblerait aussi que Hatshepsout n’aurait pas suivi la tradition qui veut que lorsqu’un nouveau pharaon monte sur le trône, on redémarre le calendrier à l’an 1. Au début de sa régence, on a continué à calculer les années à partir du règne de son père. Elle effaçait par là même, les quelques années de règne de son mari Thoutmôsis II.
Thoutmôsis Ier – British Museum
Hatshepsout ne semble pas vouloir usurper le pouvoir, mais le trône qu’occupe un tout jeune enfant, est fragile. Dans le nord de Thèbes, des populations sont hostiles à l’autorité du pharaon. Tout en assurant avec le jeune Thoutmôsis III, la cogérance du royaume, Hatshepsout va peu à peu légitimer sa fonction dirigeante. Elle s’invente pour cela une filiation divine.
Un bas-relief dans le temple de Deir el-Bahari illustre comment le dieu Amon s’est incarné dans son père Thoutmôsis Ier pour s’unir avec sa mère, la reine Ahmès afin d’engendrer Hatshepsout. Cette « théogamie » donne à Hashepsout une filiation divine avec Amon.
Un second bas-relief dans le Temple consacré à la déesse Hathor, sur le site de Deir el-Bahari, met en scène la déesse sous les traits d’une vache allaitant la toute petite Hatshepsout. (voir photos ci-dessous).
Conçue par un dieu et nourrie par une déesse. On ne peut espérer mieux pour légitimer son autorité sur l’Égypte.
Le jeune Thoutmôsis III a 7 ans, lorsque Hatshepsout se fait couronner.
Le jeune Thoutmôsis III a 7 ans, lorsque Hatshepsout se fait couronner.
Temple funéraire de Deir el-Bahari. Bas-relief: La déesse Hathor allaitant la petite Hatshepsout
La légitimité d’Hashepsout soutenue par le clergé du culte d’Amon
S’appuyant sur sa filiation avec Amon, Hatshepsout va donner aux prêtres de ce dieu une place prépondérante dans le royaume. Alors qu’à l’origine Amon, n’est qu’une divinité locale de Thèbes liée au vent, Hatshepsout en fait la divinité majeure du panthéon égyptien.
Pour gérer le royaume, elle aura l’intelligence de s’entourer de personnalités importantes, tel Senenmut qui exerce à la fois les fonctions de grand prêtre de la déesse Hathor, d’architecte, de médecin, de précepteur de la jeune princesse Neferou-Rê (voir ci-dessous) et d’astronome. Il faut savoir que dans l’Égypte ancienne, il était fréquent que les prêtres cumulent plusieurs compétences: médecin, devin, astronome, etc.
Certains archéologues prétendent que Senenmout et Hatshepsout étaient bien plus que ministre et reine. Mais cette rumeur se fonde sur la découverte d’un ostracon (dessin et peinture réalisés sur des tessons de poteries ou éclats de calcaire) mettant en scène la reine Hatshepsout et son conseillé Senenmout, dans une attitude sans équivoque. Or comme chacun le sait, les ostraca de l’époque étaient connus pour « le poids des hiéroglyphes et le choc des caricatures ». Nous ne prêterons donc pas de crédit à ce cancan , d’autant qu’il y a prescription.
Hatshepsout gouverna l’Égypte durant une vingtaine d’années. La construction du temple de Deir el-Bahari et l’expédition au pays de Pount seront les deux faits les plus marquants de son règne.
Une fin de règne assez nébuleuse
En favorisant le clergé d’Amon, elle s’aliéna les prêtres du culte osirien qui participèrent sans doute à la destruction et aux mutilations volontaires des effigies de la reine, après sa mort. De même, Thoutmôsis III, ayant vécu plus de vingt ans dans l’ombre de sa tante, libérera sa rancœur en faisant marteler le nom et les figurations d’Hatshepsout sur tous les monuments.
Vers 1454 av. J.-C. son nom disparaît des archives royales.
(ci-dessous) Un fragment de la liste chronologique reprenant les cartouches de 34 rois d’Égypte- découvert dans le Temple de Ramsès II à Abydos – exposé au British Museum.
Agrandissement du fragment de la Table d’Abydos. British Museum.
Les cartouches des pharaons s’alignent de droite à gauche dans l’ordre chronologique. Le cartouche d’Hatshepsout a été omis.
D’autres souverains ont connus le même sort: Amenhotep IV (Akhénaton) et Toutankhamon par exemple ont également été exclus des listes dynastiques.
L’image d’Hashepsout va évoluer au cours de son règne. On peut distinguer 3 grandes périodes.
1 – Lorsqu’elle est l’épouse de Thoutmôsis II, elle affiche une image féminine. C’est le cas dans le Temple de Karnak, par exemple (6). Il existe très peu d’exemplaires de cette période.
2 – Au temps de la régence, elle porte la double couronne de la Haute et Basse Égypte réunies. Mais elle conserve les attributs de sa féminité.
3 – À partir de -1475 avant notre ère, les représentations se « masculinisent ». Tous les attributs sexuels féminins vont être peu à peu dissous dans la masse. La poitrine va s’estomper. On la représentera portant la barbe postiche. Lorsqu’elle se fait représenter en sphinx, elle n’adopte pas l’iconographie conventionnelle. Le visage émerge d’une statue de lion (voir N°1 ci-dessous). C’est comme si elle portait un manteau de fourrure.
Il n’est pas possible de savoir, si la reine s’efforçait au quotidien, à prendre l’apparence d’un homme. On peut juste signaler que la momie que l’on a retrouvé dans KV60 portait un masque avec une barbe postiche amovible. Elle arborait probablement la barbe postiche au cours de ses apparitions officielles.
(ci-dessus)
[1] Sphinx du Temple funéraire d’Hatshepsout – Metropolitan Museum of Art expedition. On pense qu’il s’agit de l’un des deux sphinx qui ornaient la rampe qui permettait l’accès au second niveau du temple. – Exposé au Musée du Caire.
[2] Tête en calcaire peint d’une statue osiriaque de la reine Hatshepsout. – Musée du Caire.
[3] Tête en granit d’un sphinx de la reine Hatshepsout, très restaurée – Musée du Caire.
[4] Statue agenouillée de la reine Hatshepsout – Neues Museum de Berlin
[5] Sphinx à l’effigie d’Hatshepsout. Les pattes antérieures se terminent en mains avec ongles. – Musée du Caire.
[6] Le couple royal Thoutmôsis II et Hatshepsout – Fragment d’un mur du Temple de Karnak. – Musée archéologique de Louqsor.
Les quelque vingt années de cogérance du royaume que lui imposa la reine Hatshepsout, consumèrent la patience du jeune Thoutmôsis III et furent à l’origine de sa rancœur à l’égard de sa tante.
Ressources:
– Interview de Christiane Desroches Noblecourt
– Déborah Moine – Docteur en Archéologie antique à ULB – Émission radio « Un jour dans l’Histoire » de la RTBF La Première – présentation Laurent Dehossay : Hatshepsout, une femme règne sur l’Égypte Ancienne « CLIC »
Ligne du Temps: le règne d’Hatshepsout placé dans son contexte historique.
Cliquez pour agrandir et faites défiler la ligne du temps à l’aide de l’ascenseur horizontal au pied de la page.