L’Ecole française d’Extrême-Orient
itué à une vingtaine de kilomètres en ligne droite au nord-est de la Ville, en pleine forêt, le temple de Banteay Srei a échappé à Aymonier et à Lunet de Lajonquière.
En 1914 un officier du service géographique le signale et en rapporte pour le musée de Phnom Penh un beau groupe de Civa et Parvati.
Peu après, Parmentier le visite et publie un article admiratif. Mais les travaux d’Angkor ont la priorité. Banteay Srei, comme tous les monuments à l’écart, retourne à sa forêt.
(Angkor la Forêt de Pierre).
Le vieillard s’était arrêté, le coupe-coupe haut : une porte s’ouvrait dans la broussaille, sur une petite cour carrée aux dalles arrachées. Au fond, écroulé en partie, mais dressant néanmoins sur deux côtés des murailles encore affirmées, un temple rose, orné, paré, Trianon de la forêt sur lequel les taches de mousse semblaient une décoration, merveille que nous n’étions pas les premiers à contempler, mais que nous étions sans doute les premiers à regarder ainsi, suffoqués par la grâce de sa dignité, plus beau que tous les temples que nous avions vus jusque-là, plus émouvant en tout cas dans son abandon, que tous les Angkor polis et ratissés.
(Nos Vingt Ans).
En revoyant les images de notre excursion, il me semble que le mot « abandon » représente bien l’ambiance générale, même si la nouvelle de notre arrivée s’est répandue. Des bambins surgissent de nulle part et nous observent. Témoins de notre curiosité, ils nous regardent regarder sans faire le moindre bruit.
l faudra 2 jours à André et Louis pour parvenir à détacher 7 blocs de pierre qu’ils dissimulent bien maladroitement dans des malles en camphrier apportées tout exprès. Suivant un scénario préparé, les Malraux rentrent à Siem-Reap prétextant une indisposition de Clara. Louis prend discrètement la tête d’un convoi de chars à boeufs plus lent. Leurs bagages chargés sur le bateau de Phnom Penh, nos aventuriers quittent le site quelques jours avant Noël 1923.
Mais que renferment exactement ces malles curieusement adressées à une compagnie chimique de Saigon, pour brouiller les pistes ?
Les versions diffèrent et en y regardant de plus près les sculptures de qualité ne manquent pas.
Clara ne parle que de princesses dérobées. Walter Langlois donne des précisions :
Il y avait là, au fond de niches profondes, une série de devatas ou déesses gardiennes, belles et richement ornées, sculptées en haut-relief presque de grandeur nature. Elles occupaient la surface de trois blocs superposés (…) Avec mille précautions, Malraux parvient à dégager six de ces pierres ainsi que « quelques antéfixes à personnages des étages supérieurs ».
Autre son de cloche du côté d’Olivier Todd :
Les pièces prélevées vont de 33 à 63 centimètres, des bas-reliefs ou des fragments, un ascète brahmanique assis à la javanaise, un personnage au masque démoniaque, des apsaras, ces danseuses célestes.
rodromidès nous affirme que des documents de L’EFEO (Ecole Française d’Extrême-Orient) ont été rendus publics après le décès de tous les acteurs de l’affaire.
Voici les arguments qu’il tira de leur analyse. Malraux, afin d’obtenir du Ministère des Colonies un ordre de mission gratuit avait laissé entendre qu’il ferait don d’une somme importante à l’Ecole Française d’Extrême-Orient. D’après l’auteur, il aurait par cette promesse fait naître quelques doutes à Paris déjà.
On trouve, retranscrit dans son ouvrage, le texte d’un télégramme signé du Ministre et parvenu à Hanoï tandis que les Malraux voguaient vers l’Indochine. Cette dépêche demande qu’on surveille l’intéressé de telle sorte que son activité soit limitée strictement aux recherches archéologiques.