Petite histoire des sarcophages en Egypte
Nouvel Empire
Sarcophages

Les sarcophages et les cercueils du Nouvel Empire restent l’apanage des grands dignitaires, qui constituent une petite minorité de la population. Cependant plusieurs sites ont livré des cercueils en terre cuite, de facture très peu classique mais dont les décors s’inspirent des cercueils réservés à l’élite dirigeante. A l’évidence, ce matériau trivial, produit localement, permettait à une population moins aisée d’avoir accès, elle aussi, au royaume d’Osiris.

Contrairement au bois et à la pierre qui sont associés en Egypte ancienne à une certaine aisance sociale, l’argile est disponible partout et en quantité le long des berges du Nil et par conséquent utilisable à moindre frais.

Les classes sociales moins aisées qui désiraient disposer d’un cercueil y ont donc eu recours depuis la préhistoire jusqu’à l’époque romaine.

Ils sont le plus souvent non décorés, de facture grossière et contiennent un mobilier funéraire modeste, ce qui a probablement provoqué le manque d’intérêt des égyptologues et leur absence dans les salles d’exposition des musées.

Au Nouvel Empire, le cercueil en terre cuite devient anthropomorphe, parfois peint de bandelettes de texte, imitant en cela les modèles contemporains en bois.
L’ouverture pratiquée dans le haut de la cuve permettait d’insérer le corps du défunt.

Certains sarcophages en terre cuite possèdent des poignées.

Planche de momie

Planche de momie de la dame Ta-ouseret-em-per-nesou – Bois stuqué et peint.
Exposition temporaire « Sarcophagi » organisée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles
Entre les mains qui sont des extensions qui ont été collées sur le couvercle, on distingue
un scarabée ailé poussant devant lui le disque solaire. C’est Khépri.

Les planches
de momies

Avec le début du Nouvel Empire (1550 – 1069 avant J.-C.) les cercueils de forme humaine se répandent.
D’abord complètement blancs, ils deviennent ensuite noirs, avec des inscriptions couleur or, vers le milieu de la 18e dynastie.
Dès cette époque, NOUT, déesse ailée du ciel occupe une position centrale sur le couvercle(voir ci-contre).

A la 19e dynastie (vers 1280 av.J.-C.) apparaissent les cercueils à fond jaune, une couleur qui évoque l’or qui est la couleur de la chair des dieux auxquels le défunt est assimilé.

C’est également à cette période qu’apparaissent les premières « planches de momies », sortes de couvercles très plats, placés à l’intérieur des cercueils, en contact direct avec la momie.

Les exemples les plus anciens de ces « planches » sont réalisées en deux parties: un masque en bois ou en cartonnage qui couvre la tête et le haut du torse, et une partie inférieure ornée de motifs ajourés.

Par la suite, elles seront fabriquées en bois, d’un seul tenant, et couvertes d’un décor en relief préalablement moulé dans le stuc, puis peint. Une technique novatrice qui connaîtra une grande popularité au début de la Troisième Période Intermédiaire.

A la 22e dynastie (vers 945-715 avant J.-C.) les planches de momies seront progressivement remplacées par des enveloppes en cartonnage, dans lesquelles le corps des défunts seront insérés.

sarcophages

Des cercueils préfabriqués

Ne disposant pas de bois de bonne qualité, les anciens Egyptiens ne pouvaient que rarement produire de grandes planches d’un seul tenant.
Aussi, les cercueils de la 21e dynastie découverts dans la Deuxième Cachette de Deir el-Bahari, sont-ils généralement constitués de nombreuses pièces de bois, collées ou assemblées au moyen de chevilles.
Le bois est le plus souvent du sycomore, parfois de l’acacia ou du tamaris.
Certains éléments des couvercles sont sculptés séparément, puis fixés sur l’objet: le visage, les mains, certains ornements.

De nombreuses mains et barbes en bois, non utilisées ou détachées ont ainsi été retrouvées.

Les masques de momies
Masque funéraire
Toile stuquée et peinte – pâtes de verre colorées – Nouvel Empire – fin de la 18e dynastie.
Pour les Egyptiens, la préservation de la tête, avec les organes des sens, est un enjeu crucial de la survie.
A l’Ancien Empire, les traits du défunt sont parfois modelés dans l’épaisseur des bandelettes de la momie.
Pendant la Deuxième Période Intermédiaire, apparaissent de véritables masques qui couvrent la tête et les épaules du mort.
Réalisés en cartonnage, un mélange de bandes de lin et de plâtre, ils assurent la permanence de sa capacité à voir, à entendre, à respirer et à se nourrir.
Les coloris affirment la divination du défunt: sa peau est jaune, comme l’or qui est la chair des dieux, et sa coiffure bleue, comme celle des dieux est en lapis-lazuli.
Les masques de momies en cartonnage resteront en usage jusqu’à l’époque ptolémaïque. Ils pérennisent une image idéale du défunt, éternellement en éveil et dans la force de l’âge.
Exceptionnellement, les masques du Moyen Empire le montre parfois moustachu ou barbu.
Texte élaboré à partir des panneaux explicatifs de l’exposition temporaire « Sarcophagi » organisée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (MRAH)
Couvercle de sarcophage
Basse Epoque
La Basse Epoque est marquée par une succession de dominations étrangères qui vont provoquer durant la 25e mais surtout durant la 26e dynastie, le désir de revenir aux schémas traditionnels des périodes antérieures.
Le cercueil anthropomorphe à piédestal et à pilier dorsal, plat à l’arrière, perdure.
Bien que déposé couché dans la tombe, il était clairement destiné à être dressé, probablement au cours des incantations magiques que prononçaient les prêtres lors de la cérémonie de l’ouverture de la bouche.
Ce rituel était censé redonner au défunt l’usage des organes des sens pour sa vie dans l’Au-delà.

Le fond externe de la cuve était orné de motifs peints tel que le pilier de djed (voir ci-contre) , symbole de stabilité figurant la colonne vertébrale d’Osiris. Le couvercle interne se couvre d’une figure de la déesse Nout.
Les parois externes déclinent des extraits du Livre des Morts ou des figures divines. La tendance progressiste dans la décoration va cependant à la diminution des vignettes au profit des textes sacrés, de plus en plus présents.

pilier djed

Il est à remarquer que les deux représentations du pilier djed portent la couronne d’Osiris.

Parallèlement à ces survivances dans la forme et la décoration, un nouveau type de sarcophage fait son apparition au cours de la 25e dynastie. Il est très clairement inspiré de modèles très anciens, remontant à l’aube de l’Égypte pharaonique. De forme rectangulaire, il est surmonté d’un couvercle voûté bordé aux angles par quatre poteaux et figure le sanctuaire primitif de la Basse Egypte.
Il est décoré de figurines de divinités.

sarcophage

Source photographique : Musée du Louvre
Pour ne pas perdre le fil, vous pouvez suivre l’évolution du sarcophage sur la ligne du temps ci-dessous. Il suffit de cliquer et faire défiler la ligne du temps à l’aide de l’ascenseur horizontal au pied de la page.
Echelle du temps
Petite histoire des sarcophages suite 3