Giovanni Belzoni

Giovanni Battista Belzoni

Henry Salt

Henry Salt
Méhémet Ali

Méhémet Ali
John Soane

John Soane

Archéologie

P
eu de temps après la Campagne de Bonaparte, qui se termina en 1801, l’Egypte devient un terrain de jeu pour « dénicheurs d’antiquités ».

C’était la grande époque des fouilles. Tout ce qui vous intéressait, vous appartenait. Les différends entre collègues se réglaient à coups de fusil. Les balbutiements de l’archéologie prenaient des allures de « western ». Le trafic des antiquités était devenu une sorte de « ruée vers l’or », dans laquelle une grande rivalité opposait Anglais et Français.

C’est dans ce contexte que vont se distinguer quelques chasseurs d’antiquités financés, qui par un riche collectionneur, qui par un monarque, qui encore par un musée ou un ministère.

Bien que la majorité d’entre-eux fut guidée par l’appât du gain, certains furent cependant animés de bonnes intentions. Quelques-uns furent mêmes dévorés par leur passion à tel point, qu’ils y laissèrent la santé, voire la vie.

Parmi toutes ces figures qui ont marqué la grande aventure de l’égyptologie, au moment où elle n’était encore que de l’égyptomanie, nous passons au surligneur le nom de Belzoni.

Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer la vie aventureuse et romanesque de Giovanni Battista Belzoni dans nos pages consacrées au Ramesséum. Mais nous y revenons ici, car il fut le découvreur de la tombe de Séthi 1er.

Le Grand Belzoni

D’origine italienne, Giovanni Battista Belzoni quitte sa terre natale pour échapper aux conflits qui s’y déroulent entre les troupes françaises de Bonaparte et les armées autrichiennes, russes, turques et britanniques. C’est ainsi qu’à l’âge de 25 ans, il débarque en Angleterre. Mesurant plus de deux mètres, il échoue dans un cirque qui se produit dans la capitale. Il y tient le rôle de Monsieur muscle. (voir ci-contre)
Ayant des connaissances en ingénierie hydraulique, il met au point une pompe à eau révolutionnaire qu’il ne tarde pas à présenter en 1818 à Méhémet Ali, dirigeant de l’Egypte. Malheureusement la démonstration du prototype s’avère catastrophique.
Mais Belzoni est plein de ressources. C’est là qu’il entre au service du Consul Général britannique Henry Salt, avec pour mission de trouver des antiquités égyptiennes pour l’Angleterre. Il se consacrera pleinement à cette tâche entre juillet 1816 et mars 1820, date à laquelle il rentre à Londres. Dans la foulée, il publiera son récit de voyage et montera une exposition-vente sur ses découvertes égyptiennes. L’exposition baptisée « La tombe égyptienne » ouvrit ses portes le 1er mai 1821 et attira dès le premier jour quelque deux mille visiteurs. On pouvait y voir une reconstitution grandeur nature de deux salles du tombeau de Séthi 1er. Cependant le succès financier espéré ne fut pas au rendez-vous. Déçu, Belzoni retourna en Afrique, pour explorer l’intérieur du continent. En 1823, il atteignit le Bénin. Il y mourut d’une dysenterie.

Samson de Patagonie

En 1803, Belzoni arrive en Angleterre où il intègre la troupe du « Sadler’s Wells Theater » et part en tournée en Espagne et au Portugal. Au cours de ses années de saltimbanque, il exécute un numéro de « Monsieur muscle » sous le sobriquet de « Samson de Patagonie ». Certaines affiches (voir ci-dessus) le représentent soulevant onze personnes à la fois.

Le Grand Belzoni

Belzoni découvre la tombe de Séthi 1er

Inlassablement, Giovanni Battista Belzoni faisait retirer débris et blocs d pierre par les ouvriers, dans l’espoir d’une découverte spectaculaire.
Le 18 octobre 1817, l’Italien trouve l’entrée d’une tombe. A ce moment, il ne connaît pas le propriétaire de l’hypogée. Il progresse dans un couloir en pente creusé dans le roc. Un couloir interminable dont le plafond et les murs sont décorés de peintures. A quelques mètres devant lui, c’est l’obscurité la plus noire, la plus pesante qui soit. Tout à coup, il se trouve devant un puits d’une dizaine de mètres de profondeur. Impossible d’aller plus loin pour l’instant. Il faudra revenir avec du matériel. A l’aide de poutres en bois, Belzoni construit une passerelle de fortune et poursuit sa progression dans la tombe.
En apercevant l’état somptueux du vestibule, l’explorateur sait qu’il a trouvé un monument exceptionnel. Mais personne n’arrive à déchiffrer le nom qui se cache derrière ce cartouche.

La tombe se présente en un agencement de corridors et de salles qui s’étire sur une longueur d’environ 137 mètres et qui descend assez profondément dans la roche. Les parois sont décorées de toute part. C’est la première tombe pharaonique entièrement décorée d’un bout à l’autre. On prétend qu’il s’agit du plus long et du plus profond hypogée de la Vallée des Rois et certainement l’un des plus beaux.

Belzoni fut tellement fasciné par l’extraordinaire état de conservation des décorations murales qu’il reproduisit chaque détail de ces décors dans des aquarelles.
Pour l’aider dans cette tâche il engagea un dessinateur italien. Les deux hommes mettront 12 mois pour reproduire fidèlement sur papier les 800 figurines, 128 figures grandeur nature et les quelque 2000 hiéroglyphes qui décorent la tombe.

Plus tard, se souvenant de ces moments d’intense excitation, voici ce que Belzoni écrivit:

« Ce jour-là, la fortune m’a souri. Non pas que la fortune ait fait de moi un homme riche. Je ne considère pas les hommes riches comme fortunés.
Mais, elle m’a donné une satisfaction et un plaisir que la richesse ne peut procurer.

Le plaisir de découvrir ce qui longtemps avait été cherché en vain et la satisfaction d’offrir au monde un monument parfait de l’Egypte Ancienne. »

Aquarelles de Belzoni

Les aquarelles de Belzoni sont conservées au Bristol Museum & Art Gallery – U.K.
Sources:
– Extraits de l’interview de Suzanne Bickel – égyptologue, professeur à l’Université de Bâle, directeur de projet dans la Vallée des Rois.
– Extrait du documentaire « Le mystère du tombeau de Séthi 1er »
– Extraits du livre de Giovanni Battista Belzoni « Voyages en Egypte et en Nubie.
– Communiqué de presse de l’Antikenmuseum de Bâle pour son exposition Scanning Séthi – La renaissance d’une tombe de pharaon. (du 29.10.2017 au 06.05.2018) en collaboration avec l’Université de Bâle et la Factum Foundation de Madrid.
En savoir plus …