Petite histoire des sarcophages
Évolution des sarcophages et des rites funéraires en Egypte
Ressources :
Collections du British Museum – Exposition temporaire « Sarcophagi » organisée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles – Collections du Musée d’Archéologie Méditerranéenne de Marseille.
Conférences :
« Momies, rituels d’immortalité » par Nathalie Halgand guide-conférencière aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles
« La tombe, un écrin pour la vie éternelle » par Isabelle Therasse licenciée en archéologie et histoire de l’art (spécialisation Égypte) de l’Université Catholique de Louvain – membre du Service éducatif et culturel des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Elle a participé à plusieurs missions d’art rupestre en Égypte, à Qurta et à El-Hosh.
Les momies


La momie est l’élément central de la tombe. C’est en premier lieu le corps qu’il faut préserver, c’est d’abord lui qui garantit l’immortalité.
Les techniques de momification sont variées et ont beaucoup évolué au cours des siècles.
Si les premières momies (1) s’obtiennent « naturellement » grâce à la chaleur et l’air sec qui règnent dans le désert, il faudra des centaines d’années pour que les embaumeurs puissent enfin maîtriser la technique.
L’éviscération, qui est un élément essentiel dans la conservation des corps apparaît dans l’Ancien Empire. Conjointement aux progrès effectués dans la préservation des corps, on assiste à une complexification et une codification des rites funéraires.
A la Basse époque, devant l’augmentation du nombre de corps à momifier grâce aux techniques qui se sont améliorées au cours des temps, les lieux d’embaumement qui étaient provisoires deviennent des édifices permanents.

Les embaumeurs étaient dirigés par le « Supérieur des Mystères » aidé par son assistant le « Prêtre lecteur » qui avait en charge les aspects plus religieux et rituels liés à l’embaumement. Ces deux officiants sont souvent représentés portant un masque d’Anubis.
Les étapes de la momification exigeaient une grande maîtrise de la part des embaumeurs. A tel point qu’ils se répartissaient les tâches en fonction de leurs compétences:

Les paraschistes se chargeaient de l’éviscération.

Les taricheutes étaient en charge de la déshydratation du corps.

Les coachytes, le moment venu, s’atelaient au « bandelettage » du corps.

Les nécrotaphes avaient pour attributions: le transport et l’inhumation de la momie.


Durant le Moyen Empire, l’embaumement devient plus fréquent et plus minutieux. Mais la momification n’atteindra vraiment son apogée que durant la période du Nouvel Empire. Les momies (3) réalisées durant les 18e et 19e dynasties sont sans doute les plus abouties sur un plan technique.

Avec l’époque ptolémaïque, les têtes de momies peuvent être couvertes de masques en plâtre peint(4) qui, avec la conquête romaine, vont représenter les défunts avec des coiffures et des attributs typiquement romains.

Les portraits de momies (dits « du Fayoum ») sont un des rares et précieux témoignages de la peinture antique sur chevalet, miraculeusement préservés grâce à la sécheresse du désert. Dès les débuts de la présence romaine en Egypte, on commence à recouvrir le visage de certaines momies d’un portrait réaliste (5) du défunt peint sur un panneau en bois dur et retenu par des bandelettes.

Les momies
Les premières sépultures

1 – Les fosses

4000 avant J.-C.

Les premières sépultures en Egypte

Sépulture à fosse de la période Nagada I, vers 3700 av. J.-C.
Le corps desséché par momification naturelle était enterré dans une fosse peu profonde. La dépouille était couché en position foetale, sur le flanc gauche, la tête dirigée vers le couchant.
Musée Egizio de Turin
tombe à fosse

Tombe à fosse – Période Nagada II – découverte par une équipe des Musées royaux d’Art et d’Histoire (MRAH) à el-Hosh, en Egypte
Peu à peu cependant, la tombe va s’agrandir et ses parois vont se garnir de planches en bois ou de matières végétales.
Dans cet espace qui s’étend, le cercueil en bois ou en céramique va progressivement remplacer les premières enveloppes en peaux d’animaux ou en nattes de roseaux.
La dynasitie zéro en Egypte
La dynastie zéro se situe avant l’époque pharaonique de Narmer. Durant cette période, le corps du défunt est placé en position fœtale dans un cercueil en bois.
Tombe UJ à Abydos

Tombe UJ à Abydos, 3200 avant J.-C.
La tombe se développe, car elle occupe une fonction essentielle dans les rites funéraires. Elle protège le corps du défunt et on y aménage des « magasins » (sortes d’espaces de rangement pour les objets funéraires qui accompagnent le mort dans son voyage pour l’au-delà).
voir ci à gauche

On y a aussi retrouvé beaucoup de petites tablettes en ivoire couvertes d’hiéroglyphes.
voir ci à droite
Tablettes en ivoire

2 – Les premiers cercueils en bois

Si le cercueil en bois préserve le corps du défunt des animaux charognards, il l’empêche aussi d’être en contact direct avec le sable.
Dès lors, comme nous l’avons déjà dit précédemment, le corps ne se momifiait plus naturellement et les chairs pourrissaient pour ne laisser que les os.

Exposition temporaire « Sarcophagi » organisée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles
Sarcophages

Un peu plus de détails sur le cercueil ci-dessus
Le cercueil fut découvert dans le cimetière de Tarkhan, dans le Fayum, en 1912 – 1913, lors de fouilles britanniques dirigées par William M. Flinders Petrie.Deux mille tombes furent dégagées, réparties sur plusieurs collines du désert. Les tombes varient d’une simple fosse creusée dans le sable à quelques grands mastabas en briques crues. Ce cercueil se trouvait dans les environs d’une tombe ayant probablement appartenu à un haut fonctionnaire, peut-être un gouverneur local.

les premiers sarcophages
A la fin de l’Ancien Empire, on n’enterre plus les morts dans la position du fœtus, mais allongé. On constate d’ailleurs que les cercueils s’allongent. Il faut cependant remarquer qu’à cette époque le mort ne repose pas sur le dos, mais bien sur le côté, les yeux tournés vers le soleil levant.
Moyen Empire
La dame Hetep
Ce cercueil appartenait à une dame nommée Hetep ou Hetepou. De nombreux textes funéraires et tableaux colorés, destinés à assurer une vie éternelle à la défunte, animent les parois extérieures.
Sur le côté gauche de grands yeux « oudjat » lui permettent d’assister au lever du soleil et de bénéficier des offrandes apportées dans sa chapelle funéraire.
Sur le même panneau, Hetep, vêtue d’une longue robe, inhale une fleur de lotus, symbole de la renaissance.
En poursuivant l’observation par la gauche, on distingue une table basse sur laquelle sont disposés différents objets de la vie courante: vases et corbeilles contenant des volailles et des pièces de viande, sandales, étui à miroir et vase à encens.
L’inscription attribue tous ces objets à la « bienheureuse Hetep ». Ils sont ainsi réservés à l’usage de la défunte pour l’éternité.

Le panneau opposé porte le menu complet des offrandes mises à la disposition de la « bienheureuse Hetep ». Chaque produit est mentionné dans une petite case, et la case suivante précise en quelle quantité il devra être magiquement présent dans la tombe.
Enfin, sur les extrémités latérales du cercueil, figurent les quatre fils d’Horus, représentés comme de petites divinités assises.

Les cercueils du Moyen Empire sont quadrangulaires, avec des couvercles plats ou voûtés. Ils sont souvent en bois de piètre qualité ou, plus rarement en cèdre.
Les sarcophages en pierre sont réservés aux sphères supérieures de l’élite dirigeante et aux membres de la cour royale.

Sarcophage du contrôleur de Phylè Nakht – Abydos 12e dynastie – Moyen Empire –
dimensions: Longueur 190,80 cm / largeur 53,70 cm / hauteur 80,50 cm –
Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (MRAH)

Au fil du Moyen Empire, le nombre de colonnes de textes augmente constamment. Elles qualifient de défunt de « bienheureux » (imakhou) auprès des divinités qui lui garantiront l’accès à l’Au-delà.
Le motif de la « fausse porte », lieu de passage magique entre le Monde des vivants et le Monde des Morts, se démultiplie.
L’innovation la plus importante du Moyen Empire est l’apparition de décors à l’intérieur des cercueils.
Ce sont notamment les « Textes des Sarcophages » dérivés des anciens « Textes des Pyramides », mais aussi les « frises d’objets », véritable catalogue illustré de tout ce dont le mort aura besoin dans son voyage vers l’autre monde.
Enfin, c’est au Moyen Empire qu’apparaissent les premiers cercueils de forme humaine.
Texte élaboré à partir des panneaux explicatifs de l’exposition « Sarcophagi » organisée par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (MRAH)
Pour ne pas perdre le fil, vous pouvez suivre l’évolution du sarcophage sur la ligne du temps ci-dessous. Il suffit de cliquer et faire défiler la ligne du temps à l’aide de l’ascenseur horizontal au pied de la page.
Echelle du temps

Bon à savoir

Le découpage en périodes est souvent approximatif, les différentes sources divergent parfois sur les dates. Pour les périodes suivantes : Période Nagada – Période de transition – Epoque Thinite – Ancien Empire – Moyen Empire – Nouvel Empire – Basse Epoque – Epoque ptolémaïque – Epoque romaine , nous nous sommes alignés sur le découpage présenté par les Musées royaux d’Art et d’Histoire, dans le cadre de l’exposition temporaire « Sarcophagi ».

Histoire des sarcophages