La seconde victime
Le 8 septembre à 5h30,
Annie Chapman, une prostituée de 47 ans est aperçue en compagnie d’un individu portant un long manteau.
Elle sera retrouvée égorgée et éventrée une demi-heure plus tard par John Davis dans la cour intérieure du n°29 d’Hanbury Street.
Vers 6h du matin, John Davis, un vieil homme qui vit avec son épouse et ses trois fils au 29 Hanbury Street, découvre le corps d’une femme juste devant chez lui, de l’autre côté du marché de Spitalfields, dans une petite cour intérieure. Il part immédiatement chercher de l’aide. Le temps qu’un policier arrive sur les lieux, tout le voisinage est éveillé.
Dix-sept personnes habitaient là. Cinq possédaient des chambres qui donnaient sur la cour. Certains avaient laissé leur fenêtre ouverte. Mais personne n’avait rien vu, ni rien entendu.
Ci-contre, Annie Chapman. Devenue alcoolique, elle se séparera de son mari, un cocher au service d’un gentleman.
Source: casebook.org
e marché de Spitalfields ouvrait à 5h du matin et beaucoup de marchands s’y rendaient très tôt pour préparer leurs étals. Certains habitants du quartier quittaient leur logement à 3h50 du matin pour aller travailler. Tout autour du marché, les rues étaient très animées.
Ce matin-là, le soleil s’était levé à 5h23…mais personne n’avait été témoin du crime…personne n’avait entendu crier…Le meurtrier avait opéré avec une audace incroyable…quasi en plein jour et à quelques pas d’un marché. Le Docteur George Bagster Phillips, le chirurgien travaillant pour la police, se rendit sur les lieux.
La victime était allongée sur le dos, les jambes repliées. Le visage était gonflé. La femme avait été égorgée, presque décapitée. Le corps présentait plusieurs traces de mutilation au niveau du ventre. certains organes internes avaient été tirés vers ses épaules et reposaient sur le sol.


Cour intérieure où le corps fut découvert
Vers 11h30, Amelia Palmer identifie la victime comme étant Annie Chapman, mieux connue sous le sobriquet de « Dark Annie » dans les rues de l’East London.
Aux pieds d’Annie on trouva deux petits peignes, un morceau de tissu et deux pièces de monnaie. Une enveloppe contenant deux pilules fut découverte non loin de sa tête.
Au cours de l’autopsie, le Docteur Phillips remarqua que l’utérus, la partie supérieur du vagin et les 2/3 de la vessie avaient été retirés…et emportés par l’assassin. La précision avec laquelle les incisions avaient été pratiquées laissaient à penser que le tueur devait avoir d’excellentes connaissances en anatomie (humaine).
Documents d’époque, à consulter
Ci-dessous, une série de documents d’époque. Photos et dessins extraits du Illustrated London News




Source des photos:
Annie Chapman -Original photograph in Records of the Metropolitan Police Office
our compliquer l’affaire, Londres possédait deux polices différentes: La City Police pour la City et la Metropolitan Police (connue sous le nom de Scotland Yard) pour le reste de la ville. C’est donc sur fond de « guerre des polices » que l’enquête démarre. Les policiers londoniens ne voyaient pas d’un bon oeil Scotland Yard mettre son nez dans leurs affaires. L’éventreur de Whitechapel connaît bien cette situation et il va en tirer avantage. Les crimes seront commis tantôt dans une zone sous la juridiction de la City Police, tantôt dans un quartier qui relève de la juridiction de Scotland Yard. Il poussera « le jeu » à laisser le corps d’une victime à la limite des deux juridictions, ce qui va sérieusement perturber la bonne poursuite de l’enquête.
Les problèmes de collaboration entre les deux polices amèneront parfois certains responsables à faire disparaître des indices. Scotland Yard confiera l’enquête à l’Inspecteur Frederick George Abberline (45 ans) qui avait une expérience de 25 ans dans la police et connaissait très bien Whitechapel.
Abberline a très rapidement l’impression qu’on lui cache une partie de l’information. Il suspecte même certains de ses supérieurs de faire disparaître le plus vite possible toutes les traces de meurtre pour éviter des émeutes dans le quartier de Whitechapel.
L’inspecteur Abberline constate que ses supérieurs sont parfois au courant des meurtres avant lui. Lorsqu’il se rend sur les lieux du crime, ils sont parfois déjà là et sont pressés de donner des ordres pour « nettoyer » l’endroit, voire même laver le corps de la victime. Sir Charles Warren, le Préfet de Police prendra à certains moments des décisions très critiquées.
Dès le début de l’enquête, il écartera la possibilité d’un meurtrier « anglais ». Cette monstruosité ne pouvait pas être l’oeuvre d’une personne éduquée et encore moins d’une personne éduquée en Angleterre. Pour lui, il fallait chercher le meurtrier dans les milieux juifs…Peut-être un boucher…
à gauche
Croquis représentant l’Inspecteur de la City Police Frederick George Abberline extrait d’un journal
de 1888.
à droite
SIR Charles Warren, Préfet de police à Scotland Yard.
