Visite du quartier 1 de Pompéi

La laverie de Stephanus – La Caupona de Sotericus – La maison de Ménandre

Plan du Quartier I de Pompéi

N centaure 120ous entrons dans le quartier 1. C’est le quartier de Pompéi qui regroupe le plus grand nombre de commerces. Tout le long de la rue de l’Abondance, les boutiques succèdent aux tavernes. Au Ier siècle après J.-C., cet endroit était sans doute le plus animé de la ville. On pouvait y voir des muletiers décharger leurs livraisons devant l’une ou l’autre boutique, tandis que des serviteurs venaient déposer le linge de maison de leur maître à la « fullonica de Stephanus« , la seule laverie dans la rue de l’Abondance. D’ailleurs à l’époque on ne s’y trompait pas! Même les aveugles étaient capables de trouver le lavoir de Stephanus, à l’odeur.

En effet dans les ateliers de foulage, le linge était brassé dans un mélange d’eau, de sel et d’urine. Les urines ont un pouvoir blanchissant grâce à l’ammoniaque qu’elles développent. Ces urines étaient récoltées dans des récipients que les esclaves de Stephanus disposaient en rue, à proximité de la boutique, afin de permettre aux passants de s’y soulager.

Fullonica de Stephanus

Il s’agit sans doute du complexe de laverie le plus important et le plus complet découvert à Pompéi.
C' centaure 115est dans une ancienne demeure privée que Stephanus a développé son commerce. De grands travaux de rénovation et de transformation furent nécessaires pour adapter l’endroit à ses nouvelles affectations.

On reconnaît cependant l’ancien atrium 3 entouré de pièces d’habitation (2) (4) (5) qui se prolongeait à l’arrière par un péristyle (6) et son jardin, ainsi qu’une cuisine (9) bien équipée.

Pour les besoins des activités de la laverie, l’impluvium situé dans (3) fut remplacé par une grande cuve.
A l’arrière de la maison, trois bassins (A) (B) et (C) disposés en cascades servaient au nettoyage et au blanchiment du linge.

PLAN DE LA LAVERIE

1

Vestibule d’entrée

2

Accueil de la clientèle et dépôt du linge à laver

3

Ancien impluvium transformé en cuve de lavage

4

Salle de séjour réservée au maître de maison

5

Ancien tablinum (bureau du maître de maison)

6

Péristyle avec un jardin central

7

Triclinium (salle à manger)

8

latrine

9

Cuisine

10

Escalier qui mène aux cuves de foulage
L’entrée de la Fullonica de Stephanus se faisait à partir de la rue de l’Abondance.

Plan Fullonica Stephanus

Fullonica Stephanus

Le volume cumulé des trois grandes cuves maçonnées à l’arrière de la maison approchait les 9 000 litres

En renouvellement constant à partir du bassin supérieur (A) qui alimente en eau les deux bassins en contrebas, l’installation pouvait, pense-t-on, accueillir jusqu’à 7 ouvriers.
Cinq, dans le bassin médian (B) foulaient le linge durant des heures, dans un liquide contenant du sel et de l’urine.

Le mélange du bain pouvait à tout moment être modifié en incorporant l’un des ingrédients par les orifices ovales (d) (e) situés de part et d’autre des cuves.
Deux autres esclaves prenaient place dans le bassin inférieur (C). Leurs tâches consistaient à rincer le linge et à le rendre plus souple en le piétinant dans un mélange d’eau et de « terre à foulon ». Après cela les tissus étaient étendus sur la terrasse pour y être séchés au soleil et éventuellement subir un « soufrage » pour le rendre plus souple .
Le bassin supérieur (A) n’était pas accessible aux ouvriers. Il contenait le réservoir en eau qui alimentait les bains (B) et (C)

Fullonica Stephanus

Les bassins de la fullonica de Stephanus

Les commerces de Sotericus

Marchand prospère, Sotericus était à la tête de plusieurs commerces sur la rue de l’Abondance. Ces 4 boutiques occupaient une large façade surmontée d’un auvent qui courait tout le long et protégeait la clientèle tant de la pluie que du soleil.
Chaque commerce avait son entrée particulière. On distinguait ainsi:

– Un pistrinum (boulangerie) équipée de quatre meules pour moudre le grain et obtenir de la farine. Les installations comprenaient aussi une écurie pour les animaux chargés de faire tourner la meule, un four et un comptoir pour la vente à la clientèle.

– Une caupona (auberge) avec des chambres, mais aussi des serveuses « à louer ».

– Un hôtel

– Une seconde caupona qui portait comme enseigne « À l’Insigne de Rome »

Les commerces de Sotericus

Caupona de Sotericus

Ci-dessus la caupona n°2 de Sotericus.

L’entrée donne accès à une pièce rectangulaire où l’on peut encore voir des tables rondes en marbre, posées sur un pied maçonné. Un comptoir adossé au mur de droite contient cinq jarres encastrées. Elles servaient à contenir des préparations cuisinées. Certaines de ces auberges proposaient des repas chauds.

Au fond de la salle, sur un mur, une peinture représente un chien de garde avec un collier richement travaillé. Les quelques chambres à louer, situées dans l’arrière boutique, offraient un confort spartiate.

Comme on peut se l’imaginer, la caupona « À l’Insigne de Rome » n’était pas un établissement à placer dans la même catégorie que l’Hôtel Hermitage de Monte Carlo. A la fois débit de vin, tripot, occasionnellement hôtel de passe, mais proposant aussi le gîte et le couvert au voyageur de passage pas trop regardant, la caupona de Sotericus n’avait pas la même cote d’honorabilité que sa boulangerie.

Ci-contre, une photo prise dans une autre caupona de Pompéi, montre mieux le principe des jarres maçonnées dans le comptoir. On retrouve ce même système dans les thermopolia (un thermopolium), sortes de petites gargotes romaines où l’on servait des plats chauds à emporter.

Jarre de comptoir à Pompéi

Les tenanciers n’avaient pas bonne réputation

Ceux qui exerçaient le métier de « caupones » appartenaient aux couches sociales les plus basses. Les cabaretiers avaient mauvaise réputation. On les associait aux voleurs, aux entremetteurs et à tous ceux qui vivaient en marge des lois. On les soupçonnait de trafiquer leur vin en le coupant avec de l’eau.
Auberges et tavernes portaient souvent atteinte à la tranquillité publique: tapage, querelles d’ivrognes, prostitution, bagarres et règlements de compte constituaient le lot des nuisances que le voisinage devait fréquemment subir.

Bon nombre d’inscriptions découvertes sur les murs ne laissent aucune équivoque sur les activités de ces endroits:
« Ici, j’ai baisé la patronne »,
Ailleurs, une inscription établit une liste de services portés au compte d’un voyageur:
En plus du vin, du pain, du logis, du fourrage pour l’âne, la note mentionne aussi « puella » (une fille).
Les tavernes gardent sur les murs des dessins érotiques, marques laissées par les voyageurs, en souvenir de leur passage.

Les auberges et les tavernes

Ce sont plus d’une centaine d’établissements de ce genre qui ont été recensés à Pompéi, principalement dans les quartiers I, VI et VII. Leur prolifération se concentre, près des portes de la ville, le long des grandes artères comme la rue de l’Abondance ainsi que dans des ruelles.
On relève deux catégories d’établissements :

Ceux, qui comme la caupona (auberge) proposent le gîte et servent d’hôtel mais assurent également le couvert constitué de plats chauds et de boissons (principalement du vin). Leurs installations se composent de chambres, d’une latrine, d’une cuisine, d’une salle à manger, d’un espace de consommation et d’un comptoir tourné vers la rue avec des vases en terre cuite.

D’autre part les tavernes, qui proposaient uniquement nourriture et boissons, sans logement.
Ainsi la « TABERNA » était un cabaret où l’on servait du vin, et la « POPINA« , une taverne réservée à la restauration et un débit de boissons.

Resources:
Mémoire de maîtrise -2- sur les graffitis : graffitis érotiques, tavernes, lupanars, auberges…
– Rédigé par Geneviève Moreau-Bucherie
CLIC

La maison de Ménandre

Maison de Ménandre

Qui en était le propriétaire ?

Si les déductions qui découlent de quelques indices orientent les recherches vers quelque riche patricien de Pompéi, il n’en reste pas moins que les preuves manquent (un sceau portant l’inscription Q Poppaei Erotis) pour déterminer, avec exactitude, l’identité du propriétaire. Néanmoins, plusieurs chercheurs avancent le nom de Quinto Poppeo Sabino, de la famille des Poppei, apparentés à l’impératrice Poppea Sabina.

S centaure 120ituée dans le Quartier 1, un peu en retrait de la rue de l’Abondance, dans une rue secondaire, probablement plus calme, la maison de Ménandre devait compter parmi les demeures les plus cossues de Pompéi.
La maison tire son nom du présumé portrait du dramaturge athénien Ménandre (voir ci-contre) qui décore l’un des murs du portique.

Le propriétaire faisait partie des notables les plus fortunés de la cité, peut-être même issu d’une famille de haut rang apparentée à la seconde épouse de l’empereur Néron. De toute évidence, il jouissait d’un certain prestige au vu de la vaisselle en argent qui devait trôner sur le cartibulum et qui était sensée impressionner les visiteurs.

Masques de théâtre

Portrait de l'acteur athénien Ménandre


vicolo del Menandro

Montage photographique – Combinaison de 2 photos

Atrium de la maison de Ménandre

Petit tour de la propriété

À peine a-t-on franchi la porte que l’on est subjugué par la perspective des lieux. Deux grandes colonnes aux chapiteaux corinthiens marquent la frontière de l’atrium et ouvrent le passage vers le tablinum et le jardin avec son péristyle. Dans le coin de droite, après avoir passé l’entrée, on distingue un autel maçonné dans le mur, le « laraire« . Il était utilisé pour rendre hommage aux divinités protectrices de la famille, les « Lares ».
De petites figurines en bronze figurant les divinités protectrices y étaient déposées. On peut en apercevoir au Musée archéologique de Naples.
Parmi les statuettes présentées ci-dessous on remarquera celle d’un serpent enroulé, la gueule ouverte. Sous cette forme, le serpent symbolise l’esprit des lieux et garantit la prospérité du propriétaire.

La demeure possède un grand nombre de pièces: des chambres, des salles à manger, des logements pour les serviteurs, une cuisine, des thermes d’eau chaude, des endroits pour stocker les réserves, une cave, des latrines, .. bref, la maison compterait plus d’une quarantaine de pièces.

fresque maison de Ménandre Pompéi
Le laraire de la Maison de Ménandre
Le laraire de la Maison de Ménandre
De nombreuses fresques décorent les murs. Elles illustrent des scènes extraites de l’Iliade.

On retrouve ainsi les grandes pointures de la guerre de Troie. Ménélas empoignant son épouse, la belle Hélène, par les cheveux, Cassandre engageant les Troyens à ne pas faire entrer dans la cité de Troie, le cheval en bois laissé par les Grecs, …

Une bonne révision des oeuvres d’Homère.
Mais, d’autres mythes prennent place sur les murs, comme celui d’Actéon qui fut transformé en cerf et dévoré par ses propres chiens pour avoir vu la nudité de la déesse Artémis. (voir ci-dessous)

Fresques de la maison de Ménandre à Pompéi

Jardin et péristyle Menandre

Jardin et péristyle Menandre

Jardin et péristyle Menandre

Une découverte qui vaut de « l’argent »

Argenterie de Ménandre

Un trésor dans la cave


E centaure 120n décembre 1930, une mission archéologique menée par Maiuri va exhumer de la cave de la Maison de Ménandre un véritable butin essentiellement constitué de vaisselle en argent: cuillers, plats, coupes, assiettes, gobelets et miroirs auxquels il faut ajouter un coffret renfermant des bijoux en or ainsi qu’une somme de 1432 sesterces.
Ces objets, sont aujourd’hui exposés dans les vitrines du Musée archéologique de Naples.

1 Atrium de la maison où l’on plaçait le cartibulum face à l’entrée avec les objets précieux de la famille.

2 Dos d’un miroir (argent)

3 Cuiller (argent)

4 Gobelet avec reliefs (argent)

gobelet en argent de Ménandre

Fresques de la maison de Ménandre

Victimes de La villa de Ménandre

Morts mystérieuses à Pompéi

Au cours de leurs fouilles, les archéologues de l’équipe d’Amedeo Maiuri vont découvrir 18 corps dont trois appartenaient à des enfants de moins de 5 ans. Une douzaine de ces corps ont été retrouvés à proximité de pics et de pioches. À partir de ces éléments, plusieurs scénarios ont vu le jour.
Pour en savoir plus, je vous renvoie vers l’article d’Angelika Franz à qui nous avons emprunté le titre et qui a paru sur le site du National Geographic (version française)… « CLIC »

National Geographic

Resources:
  • Site du National Geographic
    Article « Morts mystérieuses à Pompéi: le crime de la villa Ménandre » d’Angelika Franz – « CLIC »
  • POMPÉI – L’antiquité retrouvée – Jean-Marc Irollo – Éditions Place des Victoires – 2014
    Adapté de Pompéi, la vita ritrovata – Magnus Edizioni
  • Commentaires explicatifs accompagnant les collections exposées du Musée Archéologique de Naples
  • Mémoire de maîtrise 2 – sur les graffitis : graffitis érotiques, tavernes, lupanars, auberges. – Rédigé par Geneviève Moreau Bucherie
  • Guide aux fouilles de Pompéi – Brochure éditée par le site officiel du Parc Archéologique de Pompéi –
    Télécharger gratuitement « CLIC »
  • Site AD 79 – Destruction and Re-discovery – « CLIC« 
  • Site ARKADIA – Regio 1 – « CLIC« 
  • Site Pompeii in Pictures – « CLIC« 
  • Site Researchgate – « CLIC« 
Visite du quartier I de Pompéi

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