Massue cérémonielle Mochica


Ce type d’objet découvert dans une tombe royale de Sipan, au côté de la dépouille d’un seigneur Mochica, n’est pas à considérer comme ayant réellement une fonction de massue. Il faut plutôt y voir un objet de prestige symbolisant l’autorité de celui qui le possède.

Le sacrifice du vaincu dont le sang est bu par une divinité, a d’abord conduit les spécialistes à supposer que les iconographies n’évoquaient pas de réelles batailles, mais constituaient un rituel. L’observation de marques d’égorgement sur les vertèbres de plusieurs squelettes retrouvés sur un site cérémoniel Mochica, amena l’archéologue canadien Steve Bourget à considérer que les scènes représentées sur les poteries étaient bien réelles.
La présence de boue autour des squelettes a quant à elle permis d’émettre l’hypothèse que ces sacrifices pourraient s’inscrire dans le cadre d’une cérémonie liée à la pluie.

Dans la société Mochica, les guerriers bénéficiaient d’un statut particulier.
L’objet présenté ci-contre devait appartenir à un guerrier de haut rang, peut-être même au prêtre-guerrier lui-même.
Le conservateur aux Musées Royaux de Belgique indique à propos de cette divinité féline qui est le dieu suprême du panthéon Moche, que “Sa tête orne en nombre le toit des auvents sous lesquels se tenait le seigneur ou le dieu Ai Apaec”.

Dans son ouvrage « La sculpture en bois dans l’ancien Pérou »(éd. Somogy, 2006), Sergio Purini écrit au sujet de cet objet le commentaire suivant: “La disposition des trois têtes de jaguar dans la conception de cet emblème de pouvoir n’est pas purement décorative : la tête du sommet regardait le personnage qui venait se présenter au dignitaire, mais celui-ci se trouvait immédiatement confronté aux deux autres têtes dès qu’il faisait acte de soumission en s’agenouillant”.
Sculpté dans une seule pièce de bois, cette sorte de sceptre est rehaussée d’hématite, d’os et de cuivre pour renforcer l’expression agressive de la divinité représentée.

Considérée comme l’une des plus belles massues épieux connues, cette pièce fut mise en vente à la Galerie Drouot.
Dans la Gazette Drouot N°11 du 16 mars 2012, on pouvait lire:

Massue épieu ornée de trois têtes de jaguar, bois, incrustation d’hématite, os, cuivre et coquillage. h. 116,5 cm.
Culture Mochica, côte nord du Pérou, intermédiaire ancien, 531-665.

L’objet fut adjugé pour 200 000 euros, frais compris.

Texte élaboré à partir de
La Gazette Drouot n° 11 – 16 mars 2012 -Sylvain Alliod