Les Marquises

extrait du carnet de voyage de 1987

C tatoo


ette fois, nous arriverons à destination par la mer, comme le faisaient les grands voyageurs des siècles passés.

Prendre la mesure du chemin parcouru. Mériter le moment d’accoster.

Ressentir cette merveilleuse sensation de mettre le pied à terre après trois jours en mer à bord d’un cargo mixte digne du capitaine Allan (voir Tintin: « Le crabe aux pinces d’or » et « Coke en stock »)

L'aventure commence à Papeete

En 1987, il n’y a qu’un bateau régulier qui effectue la traversée Papeete-Îles Marquises, une fois toutes les quinzaines, le « TAPORO V ». C’est le même bateau qui assure le ravitaillement des îles.
Les cabines pour les passagers sont rudimentaires et au nombre de deux. Une cabine de 4 couchettes et l’autre de 6. Elles sont situées à côté de la salle des machines. Les toilettes sont sales… « peut-être pas encore nettoyées » pensons-nous.

Taporo V

Destination Les Marquises

S tatoo


Sur le pont, assez exigu, il y a plus d’air et les sanitaires y semblent mieux entretenus.
Nous faisons la connaissance des autres passagers avec qui nous allons partager « cette expérience maritime ». Une famille parisienne de 3 personnes dont un garçon d’une dizaine d’années, un Italien retraité de l’armée, un couple du nord de la France et un indigène. Bref… tous les personnages d’un roman d’Agatha Christie… Tout est en place… Il ne manque plus que le « crime ».

Vers 17h15, on nous appelle pour le dîner. Nous mangeons dans le carré des officiers.
Nous comprenons assez vite que le « crime » aura lieu dans la cuisine. Le cuistot a fait fort: pommes de terre, riz, pâtes chinoises et macaroni… un repas complet bien équilibré… Notre compagnon de voyage sicilien nous déclare avec le plus grand sérieux: « Le plat est très réussi… C’est pas facile d’avoir tout chaud en même temps! savez-vous. »
Vers 20 heures, le crime est consommé et nous regagnons notre cabine.

Taporo V

L Tatoo

e premier dégoût passé, on s’habitue à tout. Nous avons assez mal dormi, car la cabine était fermée et il y faisait malsain… ajoutez à cela le bruit et l’odeur des machines ainsi qu’un horrible sifflement. Par contre, la mer est calme. Vers 5h30, Véro quitte sa couchette pour prendre une douche. Pas d’eau!? L’eau n’est disponible qu’à partir de 6 heures.

Vers 6h15, on nous appelle pour le petit déjeuner: pain, beurre, fromage, thé, café.
Puis nous allons sur le pont arrière nous brosser les dents, car il n’y a pas d’évier dans les sanitaires. Nous découvrons ainsi un autre groupe de passagers, ceux de la classe pont. Ils sont tous confinés sur le pont supérieur. Des bâches les protègent contre les éventuelles intempéries.
Tout compte fait, ici au moins l’air n’est pas vicié.
Par contre pour les repas, la nourriture leur est servie par une lucarne, chacun présentant sa propre gamelle. Ce matin, ils reçoivent une sorte de mixture qu’accompagne un bout de pain.

Taporo V - La cambuse

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ous longeons les îles Tuamotu (2). Des bandes de sable décorées de cocotiers. Une embarcation se dirige vers le cargo. Deux pêcheurs des îles Tuamotu viennent échanger du poisson frais contre des provisions de bord: du pain, des légumes et quelques boîtes de conserve.

Troc en mer au large d'Arutua

Troc en mer au large d'Arutua

La vie à bord

L Tatoo

a vie en mer s’écoule calmement rythmée par les repas. Entre 10h30 et 11h, le matelot désigné comme steward de bord fait l’appel pour le déjeuner.
Celui-ci se compose en général de deux plats (salade, poisson cru, …) toujours accompagnés de riz.
Entre les « p’tites bouffes » du cuistot, les passagers se regroupent au-dessus des cales, à l’ombre de la chaloupe.

Allongé ou accroupi, chacun se laisse bercer, par les clapotis de la mer sur la coque du navire. Une légère brise caresse la peau… Mais, ce paradis se voit troublé par le bruit de la salle des machines et par les effluves marins combinés aux odeurs des huiles de graissage (pouah!)

A l'ombre de la chaloupe
Passagers sur le pont du Taporo V

Taporo Nuit

Photo retouchée

Le nez dans les étoiles…

V tatoo

ers 15h, les conversations entre passagers reprennent, jusqu’à 17h30, l’heure du dîner. Après quoi, les moins vaillants rejoignent leur cabine pour se coucher.
Quant aux autres, au nombre duquel nous sommes, ils passent la soirée sur le pont, à bavarder et à échanger leurs souvenirs de voyage.
Puis, lorsque tombe la nuit, nous nous allongeons tous sur le dos, le nez pointé vers le ciel, le regard perdu dans les étoiles. La voûte céleste est magnifique. Il n’y a pas le moindre nuage. Le navire fend l’obscurité, éperonne au passage les étoiles qui sombrent à l’horizon.
21h. Extinction des feux, tout le monde regagne sa couchette. Enfin, presque… car l’aération de la cabine est quasi inexistante. Nous optons donc pour la coursive du navire, avec la lune comme lampe de chevet. L’air s’est rafraîchi. Je m’enveloppe entre les manches d’un second pull. Malgré les vibrations des machines, je trouve le sommeil après quelques instants.

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Arrivée à Hiva-Oa

Brel

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