extrait du carnet de voyage de 1987

Atuona, première rencontre

C nuage


e matin, nous prenons le sentier qui serpente jusqu’au cimetière d’Atuona.
Nous allons rendre visite à celui qui a si bien chanté la Belgique et les Marquises.

La balade nous entraîne dans la montagne.
Lorsque le regard peut atteindre la mer, les oreilles peuvent aussi entendre le bruit du ressac et le pétillement des écumes.
Avant d’atteindre le cimetière, à main gauche, on distingue, niché entre les cocotiers et les papayers, un modeste fare, au toit recouvert de tôles ondulées: c’est là que Brel a vécu.

Aujourd’hui, en 2018, la maison de Jacques a disparu. Elle a été rasée pour être remplacée par une construction plus moderne .

Hiva Oa

Hiva-Oa

C nuage2

est ici, au milieu de l’Océan, sur ce petit coin de terre qui surplombe le village d’Atuona, que Musique et Peinture s’unissent pour rendre hommage à la beauté des Marquises.
La tombe de Jacques Brel voisine celle de Gauguin.

Les deux hommes reposent à l’ombre de quelque frangipanier qui lorsque le vent du large l’agite décore leurs tombes de ses fleurs blanches et jaunes.
À moins que ce soit le témoignage furtif d’un admirateur de passage .

Atuona fut, pour l’un comme pour l’autre, le dernier rivage, le dernier refuge.

Bien que nous ne soyons pas « taphophiles » et que nous ne prenons aucun plaisir à nous recueillir sur les tombes, je dois reconnaître que le moment est émouvant.
Nous déposons deux fleurs de frangipanier sur le coin de la tombe en guise de bonjour et aussi en guise d’applaudissements pour toutes ces chansons qui nous ont fait vibrer. Après quoi, nous reprenons le chemin …

Gauguin

En 1901, Gauguin quitte Tahiti pour les Îles Marquises. Il part à la recherche d’un monde plus authentique, plus proche de la nature. Il choisit l’île d’Hiva Oa, « qui fait partie du groupe d’îles le plus éloigné de tout» et s’installe dans le village d’Atuona où il passera les deux dernières années de sa vie.

Il signe un contrat avec le marchand Ambroise Vollard. Il percevra une rente en échange de tableaux qu’il expédiera régulièrement en France. Cet arrangement l’oblige à produire une grande quantité de toiles. Aux tableaux de cette dernière époque, Gauguin n’attribue aucun titre, ni en français ni en tahitien. Il laissera toute liberté aux marchands et collectionneurs d’en inventer.
Il meurt à Atuona le 8 mai 1903.

Où allons-nous?

Cimetière d'Atuona

nuages Le chemin se tortille dans une végétation luxuriante. Des vagues de verdure ondulent sous la lumière, tandis que les cocotiers s’élancent vers le ciel.
Buissons, fougères, palmes et rameaux nous cernent de toutes parts et nous gardent de la brise. L’air est doux.

L’endroit invite le voyageur à y jeter l’ancre et à ne plus larguer les amarres. Loin de tout, très loin, mais si proche de l’essentiel.Nous pénétrons dans l’enceinte d’une bananeraie. Les larges feuilles de bananier nous couvrent et nous cachent le ciel.Nous sommes comme avalés par la végétation. Les verts se juxtaposent, se superposent pour créer un nuancier de chlorophylle.

Atuona

Paepae et marae

Nous effectuons la descente par l’autre côté de la vallée.

En chemin, nous apercevons d’anciens « paepae » (vestige archéologique, sorte de plate-forme dallée de pierre volcanique qui servait de base aux habitations en bois) à ne pas confondre avec les « marae » (vestige archéologique, sorte de plate-forme dallée de pierre volcanique qui avait une fonction sacrée et était destiné aux cultes tribaux).

Beaucoup de « paepae » ont été récupérés pour servir de fondation aux nouvelles constructions. Tant et si bien qu’aujourd’hui, on ne distingue plus vraiment, ce qui est vestige d’anciennes habitations de ce qui servait de terrasses aux cultures.

Cauchemar au paradis

Seuls bémols aux Marquises, les moustiques et les nono à ventre blanc qui deviennent rouges en vous suçant le sang.

Le nono est une sorte de minuscule moucheron dont la piqûre provoque des démangeaisons (charmante p’tite bêêête). Leur nombre et leur agressivité en font le cauchemar polynésien.

C’est comme le ver dans le fruit, le serpent dans le jardin d’Éden, la huitième plaie d’Égypte, le grain de sable dans l’engrenage, c’est la poisse, c’est ce qui empoisonne la vie.
Dommage!

Baignade dans les eaux douces d’une rivière

L’après-midi est consacrée à l’exploration de la côte. Véro en profite pour se baigner dans les eaux d’une rivière qui se jette dans l’océan.

Atuona

Atuona

Nous longeons la table rocheuse sur laquelle vient se déchirer la mer, formant des gerbes d’eau qui éclaboussent l’air avant de retomber en écumes ruisselantes sur les rochers. Nous sommes loin de la plénitude qui règne à l’intérieur des terres. La côte est tourmentée. Elle baigne depuis une éternité dans l’eau salée. Les falaises sont rongées, rognées, creusées, grignotées par l’océan. Les grandes marées y ont creusé des cavernes. Le bruit de la salle des machines de la mer est assourdissant. Vagues après vagues, le tumulte ne s’arrête jamais. Jour et nuit, nuit et jour, l’île est condamnée à subir les assauts de l’océan, jusqu’à la fin des temps.

Une visite inattendue

En soirée, Jean-Louis nous fait la surprise d’une visite. Ce Français faisait partie des passagers avec lesquels nous avons partagé la traversée de trois jours à bord du Taporo. En fait, il est venu nous voir pour s’assurer que tout se passait bien pour nous…Sympa! Il vit dans sa goélette ancrée dans le port d’Atuona. Nous récapitulons pour lui, les moments forts de notre journée: le fare de Brel, le cimetière, la bananeraie et la baignade. Jean-Louis quant à lui, nous donne quelques tuyaux pour les jours suivants. Puis, nous terminons la soirée ensemble en parlant de Brel. Notre visiteur nous explique:« Jacques Brel est arrivé à Atuona, alors qu’il était déjà très malade.


Il a sans doute arrêté son périple ici, ne se sentant plus la force de continuer. Il vivra à bord de son bateau l’Askoy pendant plusieurs semaines avant de trouver une maison à louer sur l’île. À l’époque, cette maison se trouvait au bout du village. Depuis, on a bâti plus haut. Brel aimait les gens. La maison est assez vite devenu un lieu où des habitués venaient faire la causette, on y refaisait le monde. On pouvait y rencontrer des personnalités très différentes comme le facteur, le gendarme, les sœurs du collège Sainte-Anne ou des pilotes d’Air Tahiti.  »

Suite

Les rencontres d’Atuona
Brel Aux Marquises
Brel aux Marquises

Le blog de Fred Hidalgo est une mine d’informations et d’anecdotes: textes, photos, vidéos, interviews, etc
Une quinzaine de pages passionnantes à consulter à l’adresse suivante:


SI ÇA VOUS CHANTE / sur les traces de Jacques Brel

http://sicavouschante.over-blog.com/article-sur-les-traces-de-jacques-brel-prologue-88832286.html – « CLIC »
http://sicavouschante.over-blog.com/article-sur-les-traces-de-jacques-brel-2-89986759.html – « CLIC« 
http://sicavouschante.over-blog.com/article-sur-les-traces-de-brel-3-90903410.html – « CLIC »
http://sicavouschante.over-blog.com/article-sur-les-traces-de-brel-4-91784380.html – « CLIC »

Les Marquises

Arrivée à Hiva-Oa

Brel

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