Temple de Zeus à Olympie

Description du Temple de Zeus par Pausanias

Dans le courant du IIe siècle après J.-C., Pausanias entreprend une série de voyages qui le conduisent en Grèce, en Italie, en Sardaigne, en Corse, en Arabie, en Égypte et aussi en Syrie. Lorsque vers 174 après J.-C., il revient à Rome il se met à rédiger une dizaine de livres dans lesquels il compile ses observations et ses impressions

DESCRIPTION DE LA GRÈCE – LIVRE V

Traduction nouvelle par M. CLAVIER – 1821

CHAPITRE X :
Altis ou bois consacré à Zeus – Description de son temple à Olympie

(…)

Le bois consacré à Zeus porte depuis les temps les plus anciens le nom d’Altis.

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Le temple et la statue de Zeus ont été érigés avec le butin que remportèrent les Éléens dans la guerre au cours de laquelle ils détruisirent Pise et toutes les villes voisines qui s’étaient soulevées.

La statue est l’ouvrage de Phidias, comme l’indique cette inscription gravée sous les pieds de Zeus: « Phidias, Athénien, fils de Charmidès m’a fait »

Le temple est entouré de colonnes en dehors. Son élévation à partir du sol jusqu’au fronton est de soixante-huit pieds ; il en a quatre-vingt-quinze de large et deux cent trente de long.Il a été bâti par Libon, architecte du pays.

Il y a un chaudron doré à chaque coin de la toiture. Une Niké dorée se dresse au milieu du fronton au-dessus d’un boucler d’or sur lequel est représentée la Gorgone Méduse.

(…)

Quant aux frontons, on distingue sur celui de l’avant du bâtiment, Pélops et Oenomatis prêts à se disputer le prix de la course de chars.

Zeus (Z) occupe la place centrale du fronton. À sa droite se tient Oenomaos avec son casque sur la tête. Stéropée, son épouse se trouve à ses côtés.

Chaudron Temple de Zeus à Olympie

Un chaudron en bronze reposant sur un trépied se dressait à chaque coin du toit. Les quatre chaudrons symbolisaient le triomphe guerrier ou sportif.

Myrtilos, le conducteur du char d’Oenamaos, garde les quatre chevaux de l’attelage.

(…)

À la gauche de Zeus se tiennent Pélops et son épouse Hippodamie. Vient ensuite Sphéros, le conducteur du char de Pélops, qui a en charge les chevaux de l’attelage de son maître.

Toutes les sculptures du fronton antérieur sont de Paeonios, originaire de Mendes, ville de la Thrace.

Fronton EST du temple de Zeus

Agrandissements de quelques détails. Cliquez sur les vignettes ci-dessous.


Détails fronton est

Détails du fronton est

Détails fronton ouest

Détails du fronton ouest

Détails fronton ouest

Détails du fronton ouest

Détails fronton ouest

Détails du fronton ouest

(…)
Le fronton postérieur (fronton ouest) du temple a été sculpté par Alcamènes, contemporain de Phidias, et après lui le plus habile statuaire. Il a représenté le combat des Centaures et des Lapithes aux noces de Pirithoos.
Apollon occupe le centre du fronton.

Auprès de lui se trouvent, d’un côté, le Centaure Eurytion qui enlève l’épouse de Pirithoos, tandis que ce dernier armé d’une épée attaque Eurytion.
De l’autre, Thésée armé d’une hache attaque un Centaure qui tente d’enlever son épouse. Un jeune guerrier lapithe lutte avec un Centaure.

Fronton ouest du temple de Zeus à Olympie

Les frontons restaurés que nous présentons, sont exposés au Musée archéologique d’Olympie.

CHAPITRE XI :
Description détaillée de la statue et du trône de Zeus Olympien.


Zeus est assis sur un trône recouvert d’or et d’ivoire. Il est coiffé d’une couronne qui imite les branches de l’olivier. Le dieu tient sur la paume de la main droite une Niké recouverte, elle aussi d’or et d’ivoire.

De l’autre main il tient un sceptre travaillé et émaillé de toutes sortes de métaux. L’oiseau qui décore le sceptre est un aigle. Les chaussures du dieu sont en or, ainsi que son vêtement, sur lequel on distingue toutes sortes de motifs et des fleurs de lys.

Le trône garni d’or, de pierres précieuses, d’ébène et d’ivoire. Il comporte différents sujets, les uns peints, les autres sculptés. Quatre Nikés, en attitude de danseuses, occupent chacune un coin du trône.

Sur chacun des pieds antérieurs sont représentés des sphinx thébains enlevant des enfants.

(…)

Ce trône n’est pas seulement soutenu par ses pieds, mais encore par un nombre égal de colonnes intermédiaires.

(…)

Le marchepied qui est sous les pieds de Zeus est orné de sculptures représentant des lions en or ainsi que le combat de Thésée contre les Amazones, qui fut la première action d’éclat des Athéniens contre des troupes étrangères.

(…)

Je sais que plusieurs auteurs ont consigné dans leurs écrits la hauteur et la largeur de la statue de Zeus Olympien, mais je me méfierais de ceux qui l’ont mesurée, car les dimensions qu’ils donnent paraissent bien au-dessous de l’idée qu’on s’en forme en voyant la statue de ses propres yeux.
Du reste, Zeus lui-même a donné son approbation à cet ouvrage, car Phidias, lorsqu’il l’eut terminé, supplia ce dieu de lui faire connaître par quelque signe s’il était satisfait de son travail. Et aussitôt, dit-on, la foudre frappa le pavé du temple à l’endroit où l’on voit encore une urne de bronze avec son couvercle.
Toute la partie du pavé qui est devant la statue n’est point en marbre blanc, mais en marbre noir entouré d’un rebord en marbre de Paros. Il forme un bassin qui sert à contenir l’huile nécessaire pour la conservation de la statue d’Olympie. L’huile empêche l’humidité de l’Altis, qui est un endroit marécageux, de gâter l’ivoire.

(…)

Statue chryséléphantine de Zeus réalisée par Phidias

Maquette de la statue du Zeus d’Olympie – Musée du Louvre de Paris

Construction de la statue chryséléphantine de Zeus

Le projet de la statue de Zeus ne fut mis en chantier qu’une vingtaine d’années après l’achèvement du Temple.

La réalisation de cette oeuvre qui prit place plus tard au panthéon des 7 merveilles du monde antique, mobilisa les artisans de plusieurs corps de métier. L’homme qui allait mener cette entreprise devait posséder de multiples compétences: concepteur, artiste, mathématicien, chef de chantier,…

C’est dans son atelier qui jouxtait le temple, que Phidias élabora les plans de la statue chryséléphantine. À partir de ses dessins, les sculpteurs se mirent ensuite à l’ouvrage pour réaliser les différents éléments qui, une fois assemblés allaient constituer le modèle en bois du colosse.

Nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses sur les procédures utilisées par les artisans de l’époque. Il ne reste aucun vestige de la statue, puisqu’après son transfert à Contantinople en 395 après J.-C. elle fut détruite dans un incendie en 475.

Il y a bien sûr quelques auteurs anciens comme Pausanias et Strabon qui nous ont laissé leurs témoignages, mais leur démarche est souvent plus littéraire que scientifique.

Extrait de l’oeuvre de Strabon: LIVRE VIII La Grèce – CHAPITRE 3 l’Élide – PARAGRAPHE 30

Elle (la statue de Zeus) était en ivoire et de telle dimension que, malgré l’extrême élévation du temple, l’artiste semblait avoir dans son oeuvre excédé les justes proportions. Le Dieu, en effet, bien que représenté assis, touchait presque le plafond de la tête, et l’on ne pouvait s’empêcher de penser en le voyant que, s’il se fût dressé de toute sa hauteur, il eût soulevé le toit ce l’édifice.


Mais revenons à l’atelier de Phidias. Afin de ne rien laisser au hasard, la taille de l’atelier correspondait à l’espace que la statue devait occuper dans le temple. Par ailleurs, l’atelier et le temple étaient parfaitement alignés afin de produire le même éclairage.

La peau du dieu était en ivoire, la tunique et les sandales en or. Mais comment ont-ils procédé?
Pour mouler l’ivoire sur le corps de la statue, il fallait nécessairement assouplir cette matière.
On pense qu’ils devaient plonger l’ivoire dans un bain (peut-être de vinaigre) et le laisser reposer jusqu’à ce qu’il devienne plus souple et maléable. Ils grattaient alors les défenses d’éléphant pour obtenir des copeaux d’ivoire qui pouvaient être mis en forme dans un moule en argile. Une fois séché, l’ivoire conservait la forme.
Chaque élément d’ivoire prenait ensuite place sur la statue. Les pièces d’ivoire étaient probablement fixées sur les parties charnues de la statue à l’aide de colle.

L’or était sans doute aussi mis en forme dans des moules avant d’être appliqué sur le manteau de la statue.
Les archéologues ont exhumé un grand nombre de moules à l’emplacement de l’atelier de Phidias. Une partie de ces moules sont aujourd’hui exposés dans les vitrine du Musée archéologique d’Olympie.

Les métopes

Recomposition des 6 métopes situées à l’avant et des 6 métopes situées à l’arrière du Temple de Zeus

Les métopes sont de hauts-reliefs de format carré.
Le Temple comprend six métopes du côté est et six autres du côté ouest.

Le cycle des 12 métopes retrace les douze travaux d’Héraclès, héros considéré comme le fondateur des Jeux olympiques.
Les 6 illustrations ci-dessous représentent les métopes est, situées à l’entrée du Temple de Zeus.

Elles représentent de gauche à droite:

  • Le sanglier d’Erymanthe
  • Les juments de Diomède, roi de Thrace
  • Les boeufs de Géryon
  • Les pommes d’or des Hespérides
  • Cerbère, le chien des Enfers
  • Les écuries d’Augias, roi d’Élis

Métopes avant du Temple de Zeus à Olympie
Réalisé à partir des panneaux explicatifs du Musée du Louvre.

Métopes Temple de Zeus côté arrière

Les six métopes situées à l’arrière du bâtiment illustrent de gauche à droite:

  • Le lion de Némée
  • L’hydre de Lerne
  • Les oiseaux du lac Stymphele

  • Le taureau de Crète
  • La biche de Cérinie
  • La ceinture de la reine des Amazones


Agrandissements de quelques fragments de métopes donnés à la France par le Sénat hellénique en 1830
et exposés au Musée du Louvre.
Cliquez sur les vignettes ci-dessous.

Ressources:

– Description de la Grèce de Pausanias – IIe siècle après J.-C. – Traduction nouvelle par M.Clavier de 1821 – site de Philippe REMACLE « CLIC« 

– OLYMPIE – Collection Archéologie – NATIONAL GEOGRAPHIC ARCHÉOLOGIE – 2018 – En collaboration avec le journal LE MONDE – « CLIC« 

– Les textes sont également élaborés à partir des panneaux explicatifs des salles d’exposition du Musée du Louvre et du Musée archéologique d’Olympie.

– Maquette du Temple de Zeus – Musée du Louvre à Paris « CLIC« 

Collection archéologie

gargouilles du Temple de Zeus à Olympie

2 Responses to La statue chryséléphantine de Zeus

  • jean coupat

    bonjour
    j ai entendu que le toit etait en fines feuilles d un marbre special diffusant la lumière
    savez vous quel marbre?
    merci

    • Véro et Eddy

      D’après Pausanias le toit était en marbre translucide, permettant à la lumière naturelle de pénétrer dans le temple.
      Voici un extrait du Livre V – Chapitre X de Pausanias : description du Temple de Zeus
      « Les tuiles qui couvrent le toit ne sont pas de terre cuite, mais de marbre Pentélique qu’on a taillé en forme de tuile; invention attribuée à Byzès de Naxos. Il y a, dit-on, à Naxos des statues qui portent une inscription conçue en ces termes : Evergos de Naxos, fils de Byzès qui le premier a taillé le marbre en forme de tuile, m’a dédié aux enfants de Latone. Ce Byzès était contemporain d’Alyatte, roi de Lydie, et d’Astyage, fils de Cyaxare, roi des Mèdes »
      Dans l’Antiquité, le Pentélique était célèbre pour son marbre, qui a servi à la construction de l’Acropole et d’autres édifices de l’Athènes antique. Ce marbre est encore toujours utilisé aujourd’hui, au cours des campagnes de restauration du Parthénon.
      Marbre pentélique : Marbre blanc provenant des carrières du Pentélique, montagne de l’Attique.
      http://remacle.org/bloodwolf/erudits/pausanias/elide1.htm

      Bien à vous

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