La république aux mains d’une famille de banquiers

C
e que nous contemplons par la fenêtre témoigne d’une histoire tourmentée qui s’est nourrie de sang et de sueur.

Si Florence rayonne encore aujourd’hui par sa magnificence, la ville connut aussi sa part d’ombres. Son ascension fut entachée de complots, d’assassinats, d’intrigues et de rivalités attisées par l’avidité de pouvoir.

Le génie de Cosme de Médicis

En théorie, depuis le Moyen Âge, Florence est une république régie par un conseil de neuf élus: huit « Prieurs » issus des guildes de la ville et le Gonfalonnier de justice (président du conseil). Ce dernier appartenait à la première famille d’un des quartiers de la ville.

Le Palazzo Vecchio, Place de la Seigneurie était le siège de ce conseil chargé d’administrer la ville. (voir ci-contre)

En réalité, le pouvoir est entre les mains des Médicis qui parviennent à détourner les élections à leur avantage en s’assurant que les représentants leur sont toujours favorables. En fait, les Médicis exercent une seigneurie masquée.

Cosme l’Ancien, banquier des rois et des papes va fonder un véritable empire financier, avec une dizaine de filiales bancaires implantées en Europe (Venise, Rome, Naples, Milan, Pise, Genève, Lyon, Avignon, Bruges et Londres). Bientôt, Cosme devient le chef de la république florentine sans en avoir le titre officiel et le florin devient quant à lui la monnaie la plus importante d’Europe. La puissance économique et la puissance politique marchent de pair. Ceux qui se lieront aux Médicis le seront tant du côté des affaires que du côté des alliances politiques.

Palazzo Vecchio

Le Palazzo Vecchio, Place de la Seigneurie à Florence

Cosme et le mécénat artistique

Cosme l’Ancien est le premier des Médicis à s’illustrer par le mécénat artistique qu’il exerce sur la ville.
Richissime et cultivé, il accueille dans son palais des humanistes et des savants. Collectionneur, il fait rechercher des manuscrits anciens et fonde la première bibliothèque publique. Cosme va s’allier les Florentins en finançant de somptueuses fêtes publiques et de grands chantiers au bénéfice de la collectivité.
C’est l’époque où la ville poursuit de grands travaux

comme ceux de la façade de la cathédrale Santa Maria del Fiore.
Les chantiers prodiguent du travail à tous les corps de métiers : charpentiers, sculpteurs, tailleurs de pierre, menuisiers, peintres, etc. Les ateliers de la ville n’avaient jamais connu pareille effervescence. Cosme investit dans le mécénat des arts pour consolider son pouvoir. On prétend que s’il n’opprima pas ses concitoyens par les armes, il les écrasa toutefois sous le poids de son or.

Laurent de Médicis

Laurent de Médicis peint par Bronzino vers 1567.
Galerie des Offices à Florence

Il Magnifico

Laurent de Médicis est surnommé Laurent Le Magnifique (Lorenzo il Magnifico). Il faut comprendre Laurent le prodigue ou le généreux selon le sens ancien du terme.

Après la mort de Cosme l’Ancien en 1464, le clan Médicis cherchera à consolider sa position dominante en trouvant des alliés à l’extérieur de Florence.
C’est ainsi que le 4 juin 1469, Laurent de Médicis épouse Clarisse Orsini. Pour les Médicis, cette alliance matrimoniale avec l’une des plus importantes familles de l’aristocratie romaine est une sorte d’anoblissement.

Le choix de Clarisse Orsini comme épouse était judicieux.
Fille d’un baron et nièce d’un cardinal, elle offrait aux Médicis de nouvelles opportunités et un soutien militaire.

Les événements se précipitent

Quelques semaines après les épousailles, Pierre le Goutteux succombe à sa maladie.
Cette disparition inattendue précipite Laurent au-devant de la scène.
Âgé d’à peine vingt ans, il prend la succession de son père avec le titre de « Prince de l’État » et devient l’homme le plus puissant de Florence.

Sous la férule du nouveau chef de clan (consorteria), Laurent le Magnifique (Lorenzo de Medici) les Médicis allaient promouvoir les arts en finançant une pléiade d’artistes : Botticelli, Michel-Ange, Léonard de Vinci…

Botticelli, Miche-Ange et Léonard de Vinci

La Renaissance en marche

Depuis deux générations, la cité s’épanouissait grâce aux mécénats des Médicis. Mais avec Laurent les projets et les créations vont se multiplier.
Berceau de la Renaissance, Florence devient une véritable fourmilière où les artistes se disputent les faveurs des mécènes.

L’adoration des mages de Sandro Botticelli
(voir ci-dessous)

Au cœur de son tableau « l’Adoration des Mages », le peintre Sandro Botticelli met en scène la famille des Médicis.
La Sainte Famille est ici entourée par le grand-père de Laurent (Cosme) qui s’agenouille devant l’Enfant Jésus, par son père (Pierre le Goutteux) habillé de rouge au centre de l’œuvre, à sa droite, par l’oncle de Laurent (Jean), par son frère Julien, tout de noir vêtu et par Laurent lui-même à l’extrême gauche de la scène.
Quant à Botticelli, il s’invite sur la toile parmi les amis de la famille.

L'adoration des Mages par Botticelli

La Primavera (Le Printemps)
« La Primavera » (Le Printemps) de Botticelli – Musée des Offices à Florence

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Une floraison de
chefs-d’œuvre

Dans les ateliers des maîtres-artistes, les commandes affluent.
Il devait y régner une animation extraordinaire avec des commanditaires curieux de voir l’état d’avancement de leurs travaux ou d’autres, pressés de passer commande.
Le maître-artiste qui dirigeait l’atelier devait avoir un œil sur les commandes et l’autre à surveiller le travail des apprentis.

C’est dans cette effervescence que des chefs-d’œuvre vont voir le jour.


De nouveaux sujets vont inspirer les artistes

Sous la protection de Laurent de Médicis, Botticelli va s’affranchir des sujets religieux et donner libre cours à son inspiration et à sa créativité.

C’est dans cet état d’esprit que le peintre s’attelle à « La Primavera » (Le Printemps) en 1478.

Botticelli crée ici une œuvre allégorique qui se distingue des sujets de l’époque.

Le tableau montre Vénus, l’antique déesse de l’amour, célébrant l’arrivée du printemps.

Vénus est la figure emblématique du monde païen par excellence. Le printemps est un renouveau, tout comme l’avènement de Laurent à la tête de Florence.

En 1485, le peintre réalise « La naissance de Vénus ». Il peint Vénus dans sa nudité, mais une nudité pudique.

Le déhanchement rappelle celui de quelque statue grecque, voire même celui du David que Donatello réalisa cinquante ans auparavant.

(voir ci-contre)

David de Donatello

Le David de Donatello – sculpture en bronze réalisée entre 1430 et 1432
Musée National du Bargello à Florence

La Naissance de Vénus
« La naissance de Vénus » par Botticelli – Musée des Offices à Florence

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Jeune homme par Botticelli

Portrait d’un jeune homme (identité inconnue) peint par Botticelli en 1475. Galerie des Offices – Florence.
Le personnage présente un médaillon à l’effigie de Cosme l’Ancien.
La composition de l’œuvre et le paysage s’inspirent des peintres flamands.


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